Accouchement_douleur

Et oui ! Qu’on se le dise, l’accouchement est douloureux ! Les femmes qui accouchent transpirent, gémissent, vomissent parfois, émettent des sons bizarres, perdent le contrôle sur leurs fonctions corporelles. Et pour bien accoucher il faut justement perdre le contrôle… oublier ses bonnes manières. Dans le processus de la naissance, il n’y a pas de contrôle possible, le travail se déclenche sans qu’on ne s’y attende, les contractions s’enchaînent à un rythme imposé et le bébé arrivera de toute façon au bout de ce processus, mais au bout d’un temps que personne ne peut prévoir à l’avance….Voilà ça c’est dit !


La perception de la douleur : pourquoi a-t-on mal ?

Pendant le travail, certaines couches musculaires de l’utérus se contractent pour effacer le col et le dilater, en poussant le bébé vers le bas. D’autres couches se relâchent complètement pour laisser le col s’ouvrir. Les muscles effectuent ce travail sans qu’on ait à le commander, tout comme le système digestif se met en branle, au besoin, sans notre décision consciente. Par contre si la femme est très tendue, la résistance annule l’effort et le travail a plus de mal à se réaliser ; le muscle ne se repose pas entre les contractions, d’où la fatigue et l'augmentation de la douleur !

De plus notre corps étant bien fait, lorsque nous avons mal nous sécrétons des endorphines (sorte de morphine naturelle, bien connue des grands sportifs) qui nous aident à nous relaxer et à atténuer notre douleur. Malheureusement, si nous sommes très stressés, les endorphines sont moins bien sécrétées et vont être utilisés pour lutter contre le stress, il ne restera plus rien pour la douleur ; la douleur est donc ainsi amplifiée. 

Dans les facteurs qui augmentent la douleur, on retrouve donc la peur, le stress, la tension, la fatigue, le froid, la faim, le sentiment d’insécurité quant à l’environnement qui nous entoure.

Les facteurs qui réduisent la douleur sont la relaxation, la confiance, la bonne information, le contact avec des personnes familières et de confiance, le confort et le fait de rester dans l’instant présent, anticiper ce qui va se passer crée forcément du stress.

De mon expérience, la douleur physique n’est pas la seule cause de la demande de péridurale, la peur de la suite domine souvent…la peur d’avoir plus mal, la peur de ne pas y arriver. Alors en plus de demander la péridurale, rendons nous service en luttant contre ces peurs. Ces peurs sont d'ailleurs conscientes ou inconscientes car même chez une femme qui ne souhaite pas la péridurale, lorsque le travail n’avance pas sans que l’on ne sache pourquoi, on propose souvent la péridurale car on sait qu’elle aide à faire « lâcher les choses », des résistances inconscientes sans doute.


À quoi sert la douleur ou comment voir la douleur de manière positive

Nous vivons dans une société programmée pour fuir la douleur, une société qui croit masochiste la personne qui endure un mal de tête sans aspirine, une société qui n’a laissé qu’aux sportifs le droit d’avoir mal noblement. En effet, courir le marathon n’a pas intérêt mis à part le fait de tester son corps, ses limites, et sa résistance à la douleur…car dans un effort comme celui-là il y a douleur !

Et bien nous pouvons comparer l’accouchement à un marathon car le travail demande de l’endurance, on y teste ses limites, on apprend à gérer l’effort au fur et à mesure pour arriver au bout.
Personne ne sait d'avance quel travail d’accouchement l’attend, quelles difficultés se trouvent sur le chemin et certaines savent d’avance qu’elles n’ont pas envie/besoin de courir ce marathon sans aide, d’où la péridurale. Cela n’enlève en rien le fait que quelque soit le déroulement, accoucher c’est un travail/effort qui nécessite une préparation physique et émotionnelle.

On a appris à considérer la douleur comme une agression et on en a peur ! Alors que dans l’accouchement, la douleur est l’annonce de la vie qui arrive, du superbe travail créatif qui fait de nous, les femmes, des donneuses de vie ! C’est la douleur de l’effort, et plutôt que de lui résister, il faut apprendre à dire : « je veux ce travail, je veux que mon corps s’ouvre et laisse passer mon enfant. Je veux faire corps avec la douleur plutôt que contre elle »

Et même lors d’un travail avec péridurale il y aura forcément douleur, avant la péridurale au moins, voire peut être après si elle ne marche pas comme on voudrait ou si elle manque d’effet sur la fin. Il serait alors dommage de s’épuiser sur cette douleur, de lutter vainement contre, voire d'être en colère contre elle, ou contre la péridurale, ce n’est pas se rendre service. Il y a donc là un réel travail mental à faire pour positiver la douleur, souvent pour la première fois de sa vie.

Réfléchissons un peu à l’accouchement en tant que le passage, la rupture par rapport à sa vie d’avant, c’est une entrée vers un monde inconnu, celui de parents et cela n’est pas rien.
La douleur va préparer ce passage. Elle vient briser les schémas habituels de comportement, déséquilibrer la mère au moment où elle doit abandonner le statut quo de la vie courante pour plonger dans la transformation majeure que représente l’arrivée de son bébé dans sa vie. Le partenaire présent vit, lui aussi, ce grand chambardement de corps et du cœur.

Même si la femme demande une péridurale, il ne faut pas qu’elle soit surprise de garder des sensations. Il est favorable pour le travail et la suite de rester connecté avec son corps et avec ce qui s’y passe. La femme qui ressent le passage, sans forcément douleur, aura plus de facilités à être active dans la poussée et arrivera plus facilement à faire le lien avec ce bébé, cet inconnu.

La maternité exigera mille fois d’une femme qu’elle rassemble ses forces et se surpasse, qu’elle aille puiser profondément en elle-même la confiance et le courage nécessaires pour passer à travers ce que la vie avec son enfant lui réserve. L’accouchement, avec péridurale ou non, quelque soit son issu et son déroulement, par la puissance des mécanismes physiologiques et psychiques sollicités, par l’attrait intense que représente le moment de la rencontre avec le bébé qui arrive, est en quelque sorte un avant-goût de cette nouvelle vie qui l’attend.

Vous retrouverez quelques conseils pour réussir à gérer la douleur dans cet article : Gérer la douleur des contractions pendant le travail et l'accouchement.

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