Sur Les Ptits Mwana, nous donnons la parole aux mamans. Après son interview sur son métier de doula du post-partum, voici un article écrit par Caroline sur le fait de manger son placenta à la suite de son accouchement.
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Le rôle du placenta et de son ingestion est reconnu depuis des centaines d’années par la médecine chinoise traditionnelle. De très nombreuses espèces animales mangent le placenta après la naissance de leurs petits, du fait notamment de ses vertus nutritionnelles. Cette pratique s’est développée de façon marginale à partir des années 1970 aux Etats-Unis et au Mexique, mais elle est controversée par la médecine moderne. Elle est aujourd’hui largement répandue à San Francisco, et je travaille avec beaucoup de mamans qui y ont recours. C’est un phénomène connu de tous les professionnels qui travaillent ici autour de la naissance et du post-partum.
Les bienfaits de la consommation du placenta
La période du post-partum affecte profondément les jeunes mamans, à la fois physiquement et émotionnellement. C’est une période de grand bouleversement et cette période de joie, que représente la rencontre avec son nouveau-né, est aussi marquée par une chute d’hormones soudaine, une perte de sang importante et une grande fatigue. Les personnes valorisant la consommation du placenta disent que celle-ci pourrait aider et faciliter cette transition de par ses propriétés nutritionnelles, sa richesse en fer et sa teneur en hormones.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de recherches ayant démontré les bienfaits de cette pratique. Les personnes offrant ce service décrivent et mettent en avant :
- un regain d’énergie durant les premiers jours, semaines et mois suivant la naissance
- un moindre impact du bouleversement émotionnel ou ‘baby blues’
- un facteur de protection contre la dépression du postpartum
- une involution de l’utérus plus rapide (retour à sa taille normale) et des saignements moins importants
- une augmentation de la production de lait pour l’allaitement
- une facilitation du lien mère-enfant.
De nombreuses mamans témoignent des bienfaits qu’elles ont pu ressentir et en vantent les mérites. Des célébrités également, comme c’est le cas de January Jones, actrice de la série Mad Men qui avait dû retourner sur les plateaux 6 semaines après la naissance de son bébé.
Le procédé
Il existe différentes façons de préparer le placenta pour en permettre sa consommation. À San Francisco, les professionnels qui rendent cela possible sont des doulas de naissance et des acupuncteurs.
Certaines doulas vont aussi inclure dans ce service la réalisation d’une empreinte de placenta sur papier, éventuellement peinte avec des couleurs, ce qui peut donner lieu a de très jolies représentations. ici
Dans le cas d’une naissance à domicile, certaines mamans décident de consommer des morceaux de placenta ‘crus’ juste après l’expulsion du placenta. D’autres mamans demandent à leur doula présente de réaliser un ‘smoothie’ avec des morceaux crus de placenta dans les heures qui suivent la naissance. Ces méthodes ne sont pas les plus répandues, mais existent.
Une pratique non reconnue par le corps médical
Les principaux détracteurs disent que, s’ils ne voient pas de problèmes particuliers liés à cette pratique, les bienfaits ne sont pas pour autant reconnus ni mis en évidence. Il est également pensé que le procédé de cuisson pourrait détruire les hormones et protéines ou autres propriétés, tout comme la congélation.
Mon avis
Pour les mamans ayant des inquiétudes particulières quant à la periode du postpartum, notamment pour des mamans qui attendent leur 2ème ou 3ème enfant et qui ont dejà connu une dépression du postpartum ou des difficultés d’allaitement, je conseille en priorité de se rapprocher d’une consultante en lactation ou d’un thérapeute/psychologue qui pourra les soutenir selon les difficultés rencontrées. Le fait d’établir un contact et peut-être même une rencontre avec des professionnels, avant la naissance, aidera à identifier des facteurs de risque et à etablir un plan d’action permettant d’anticiper les difficultés à venir et de mieux s’y préparer.
En tant que professionelle du post-partum, je constate tous les jours que les mamans auraient besoin d’être davantage entourées, soutenues et encouragées lors de ces premiers jours et semaines après l’accouchement. Tout ce qui peut les aider à prendre soin d’elles est bon à prendre de mon point de vue alors si les mamans ont le sentiment de faire quelque chose pour elles via ce service (consommation du placenta), c’est nécessairement bénéfique. Désigner quelqu’un pour prendre soin de cet organe si particulier, créé par le corps féminin pour échanger les nutriments entre la mère et son bébé, et le faire grandir jusqu’à sa venue au monde, pourra aussi marquer le respect de son corps et mettre en valeur son rôle de la maman.
J’apprécie aussi l’idée que l’on accorde à nouveau du respect pour cet organe, qui est autrement jeté a la poubelle et consideré comme un "déchet hospitalier", parfois percu comme répugnant et souvent ignoré. Des obstétriciens ou sage-femmes proposent au contraire de le montrer à la jeune maman, car ils sont tous différents et les professionnels prennent parfois plaisir à en souligner les particularités. Après tout, le placenta est aussi appelé "l’arbre de la vie". Dans de nombreux pays du monde, il existe des cérémonies et des croyances pour reconnaître son importance. Certains peuples enterrent le placenta dans la terre pour célébrer la nouvelle vie qui leur est donnée. Par ailleurs les dessins et empreintes joliment réalisés peuvent devenir un agréable souvenir pour la jeune maman et rappeler symboliquement ce qui l’unissait à son bébé in utero.
Photo © grumeautique.blogspot.com