Alors oui, de même que le sang, le sperme ou la moelle osseuse, on peut aussi faire don de son lait maternel. Tout le monde ne le sait pas, mais il s'agit là d'une pratique courante non seulement en France mais un peu partout dans le monde.
Pour qui ?
De nombreux cas de figures existent. Notamment :
- les nouveaux-nés dont la mère est décédée
- les prématurés ou bébés ne tolérant que le lait maternel
- dans le cadre d'une adoption
- les mamans ayant une production très faible de lait
- les mamans n'ayant pas de lait du tout
- les mamans ayant des problèmes de santé (le cas des virus se transmettant par le lait tel que HIV)
Pourquoi ?
Les bienfaits du lait maternel ne sont plus à démontrer. Et certains parents préfèrent avoir recours à du lait provenant d'une autre maman qu'au lait en poudre. Parfois, il n'y a juste pas d'autre choix.
Où ?
En France, cela se passe exclusivement dans les lactariums (ou banques de lait maternel). Il s'agit de centres, souvent rattachés à des CHU, où vont se faire non seulement "la collecte mais également le traitement et la distribution du lait maternel". Les dons sont gratuits et anonymes. Dans la pratique, un collecteur passe toute les semaines (ou plus) récupérer vos réserves que vous aurez stockées dans votre congélateur.
Parlons de la sécurité
Le lait est un excellent vecteur pour toutes sortes de maladies et virus. Ainsi, les mamans désirant donner leur lait maternel doivent effectuer un examen médical, remplir un questionnaire de santé et faire une prise de sang (à renouveler tous les 3 mois pour les dons prolongés). Il s'agit là de détecter la présence du VIH, Hépatite B, Hépatite C et HTLV.
De plus, le lait donné dans les lactariums est systématiquement pasteurisé.
Réseaux sociaux
Réseaux sociaux ? Que viennent t-ils faire dans le débat ? Vous le savez, Facebook connecte les mamans et ainsi, connecte également des mamans qui ne peuvent allaiter et des mamans qui ont trop de lait. Or en France, seuls les lactariums sont autorisés à recueillir, traiter et distribuer le lait maternel (article L.2323-1 du code de santé publique). Eux seuls peuvent garantir que le lait est sécurisé pour le bébé qui va le boire.
Encore plus loin, récemment, l'Express publiait un article au sujet de la vente de lait maternel sur Internet avec le cas de cette maman proposant de louer ses seins à la journée. Il s'agit là, non seulement d'une pratique totalement illégale mais également extrêmement dangereuse pour la santé du bébé. En effet, dans un tel cas, aucune prise de sang, aucun questionnaire de santé, aucune précaution n'a été prise. Le bébé se retrouve sans défense à prendre le lait d'une totale inconnue pour quelques centaines d'euros.
Aux États-Unis, s'ils ne sont pas illégaux, ces réseaux sociaux de mise en relation sont actuellement en ligne de mire des professionnels de la santé. Une récente étude du journal Pediatrics nous révèle ainsi que le lait maternel acheté sur Internet via ces réseaux sociaux contient plus de staphylocoques et autres bactéries que le lait maternel des banques de lait. L'étude attribue cette différence aux moyens d'acheminement du lait de la donneuse vers la receveuse.
Le très réputé TIME vient de publier un article rebondissant sur l'étude. Il s'agit de l'interview d'une femme de 27 ans et mère de 2 enfants (enceinte de son troisième) qui a eu déjà recours aux dons de lait du Internet (elle est atteinte de Hypoplasie mammaire, c'est à dire un un sous-développement ou une absence de glande mammaire). Son premier enfant a reçu du lait de pas moins de 30 mamans, parfois en direct (la donneuse donnant le sein à l'enfant devant sa mère). Elle a commencé par recevoir des dons de lait via le réseau de mamans de sa sage-femme (rencontrant les mamans donneuses à chaque fois). Son idée de la sécurité fait un peu froid dans le dos : "je m'assure que les donneurs sont gentils, ont une maison propre et des enfants en bonne santé".
Cette personne ne passe pas par les banques de lait maternel car elle les trouve trop chères et est totalement contre l'idée de pasteuriser le lait (la pasteurisation tue les bactéries mais également réduit la qualité intrinsèque du lait).
Malgré tout cela, elle ne pense pas arrêter d'avoir recours aux dons de lait sur Internet pour son troisième enfant, malgré l'étude. Elle a pleine confiance en sa démarche et pense que le gain pour l'enfant est supérieur aux risques.
Quoi qu'il en soit, en France, il y a toujours une pénurie de lait maternel. Aussi, nous vous invitons à donner votre surplus de lait, si vous en avez, et peut-être sauver des vies ou simplement aider d'autres mamans.
Qu'en pensez-vous ?