Sevrage

Les Ptits Mwana donnent la parole aux mamans. Dans cet article, nous donnons la parole à Célia, maman d'un petit bonhomme de 2 ans et demi qui a partagé avec nous il y a quelques mois l'expérience de son allaitement prolongé. Célia, qui exerce le métier de sage femme, est également consultante en allaitement. Face à toute la polémique autour de l'allaitement et du sevrage, elle a souhaité aborder la question du sevrage en partageant sur cet espace ce qu'elle partage d'habitude avec les mamans avec lesquelles elle travaille.

Le sevrage en question

Dans le Petit Larousse 2001, à sevrage on lit : "action de sevrer un enfant, fait d'être sevré", et à sevrer : "cesser l'allaitement d'un enfant pour lui donner une alimentation plus solide". Dans le Petit Robert, le sevrage, c'est le fait de "cesser progressivement d'allaiter".

Etymologiquement, le mot vient du vieux français "sèvre-ment", provenant lui-même du latin "separare" qui signifie "séparer". Dans la littérature sur l'allaitement, on définit le sevrage tantôt comme l'arrêt total de l'allaitement, l'âge du sevrage est alors donné par le moment de la "dernière tétée". Il est également défini comme une période, qui peut s'étaler sur des mois voire des années, pendant laquelle l'enfant passe progressivement d'un allaitement exclusif à la nourriture solide.

Petite réflexion par rapport à l’autre sens du mot sevrage qui signifie arriver à se passer de quelque chose de mauvais : sevrage du tabac ou autre drogue (procurant du plaisir mais dangereux pour la santé). 
N’y aurait-il pas là un amalgame avec l’allaitement qui, passé un certain temps deviendrait néfaste pour l’enfant (risque de “dépendance”) ? D’où peut-être l'insistance à vouloir que les enfants se sèvrent du sein assez rapidement. L’allaitement serait bon mais à consommer avec modération comme les drogues...

À quel âge sevrer son bébé ?

L'âge du sevrage est dans nos cultures une véritable question que se posent les mamans. Elles se demandent si ce n’est pas préférable de sevrer avant de reprendre le travail, elles subissent les pressions de l’entourage, du mari ainsi que leurs propres interrogations.

À l’heure actuelle, beaucoup de mamans suivent les recommandations de l’OMS préconisant un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois. L’allaitement est préconisé ensuite jusqu’à 2 ans en complément d’une alimentation diversifié et cela, que l'on soit dans un pays en voie de développement ou non.
De plus en plus de mamans allaitent donc jusqu’à 6 mois, du moins partiellement, mais au delà des 6 mois, très vite arrivent les questions relatives au sevrage : quand dois-je arrêter d'allaiter et comment ? Pourquoi ?

Toutes ces questions sont en général le résultat de la pression sociale. Beaucoup de mamans qui décident d’allaiter plus d’un an se cachent de peur des réactions de l’entourage :

“Quoi mais tu l’allaites encore ?” 
“ À cet âge, l’enfant n’en a plus besoin, c’est la mère qui ne veut pas arrêter pour son propre plaisir.” 
“ À ce rythme là, à 15 ans il tétera encore” 
“ Il ne va jamais être autonome....” 

La liste est longue... Pourtant aucune étude ne prouve que passé un an l’allaitement est inutile ou qu'il pourrait porter préjudice au bien-être de l’enfant. Au contraire, les études montrent que non seulement l’allaitement prolongé a un intérêt pour la santé de l’enfant et de la mère (l'enfant bénéficie des anticorps pour l’enfant et il y a une réduction du risque de cancer du sein pour la mère) mais en plus que l’autonomie future de l’enfant n’est en rien menacée, bien au contraire.

Aussi, les enfants adorent le goût du lait maternel. Dans une étude sur des mères australiennes allaitant des enfants de 2 ans et plus, on a interrogé les enfants (mais oui, ils parlent !) qui ont presque tous dit qu’ils tétaient parce qu’ils aimaient le lait de leur mère, que ça les rendait heureux et leur faisait du bien. Certains ont dit que c’était « aussi bon que le chocolat », voire « meilleur que la crème glacée ». Miam!

Donc à la question "À quel âge sevrer mon bébé", la réponse est toute simple : quand vous vous sentirez prête et ce, quelque soit l'âge de votre bébé (3 mois, 6mois, 1an, 2ans, etc.), mais surtout sans culpabilité ni pression car il n’y a rien de pire qu’un sevrage contraint.

© credit photo nurturedchild.ca
Article écrit par Célia.