Crier-enfant-maison-2

Voici le second volet de notre grand dossier sur les cris à la maison. Après avoir mis en place le contexte et vu pourquoi crier ne marche pas, voyons aujourd'hui quelques stratégies pouvant permettre de comprendre et arrêter, ou tout du moins réduire les cris à la maison.

Quelques pistes pour pour ne plus vivre au diapason des cris et de la colère

Afin de se hisser hors du miasme émotionnel si éloigné des principes du nullipare que nous étions jadis, il existe quelques pistes qui peuvent nous permettre de mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre derrière ce schéma trop répété de l'éducation hurlée et qui peuvent nous aider à en sortir. Parce qu'il vaut mieux avoir un certain nombre de techniques pratiques plutôt que de beaux principes idéalistes, voici quelques idées à essayer sur le terrain. Certaines peuvent sembler contradictoires, mais elles répondent à la grande diversité des situations de crise et de frustration.

Comprendre

Quand notre propension aux cris est le fruit de notre milieu culturel et/ou familial

Christine Lewicki le souligne dans son excellent ouvrage intitulé "J'arrête de râler": maugréer à tout vent est une attitude très ancrée dans la culture française. Râler tisse le lien social à bas prix. C'est une zone de confort partagé. Si les anglais sont réputés pour mettre le ciel et ses humeurs au coeur des banalités de quartier échangées, les français, quand ils se croisent, aiment comparer la liste de leurs éternelles doléances. Si à fortiori la critique peut se révéler bonne et constructive, dans la culture française elle se définit plutôt comme une force d'inertie.

C'est peut être difficile à percevoir pour quelqu'un qui est le fruit de cette culture, mais cette propension nationale à broyer du noir peut avoir des répercussions sur la manière dont nous réagissons au quotidien.

C'est d'autant plus vrai si les cris et la colère étaient monnaie courante lorsque nous étions enfant. Parfois on a beau s'être juré de donner une autre direction à notre ligne éducative que celle choisie par nos parents, le passé peut avoir le galop rapide et nous piétiner de ses sabots.

La première étape est donc de prendre conscience de ces types de pré-conditionnements à la colère de manière à pouvoir s'en détacher pour de bon et reprendre la bride de ses émotions.

Travaillez en amont

Anticipez les situations explosives afin de les éviter et soyez à l'écoute des besoins de vos enfants.

On le sait tous, il y a certaines situations qui aboutissent systématiquement à des frictions entre le parent et l'enfant et qui se terminent bien trop haut les décibels: quand les siestes sont zappées, quand la faim tenaille, quand l'attente est longue et désœuvrée. Même si le parent ne peut pas parer à tout, c'est à lui d'essayer de s'organiser afin d'éviter ces situations explosives. Parfois il faut faire fi de nos attentes d'adultes et se mettre à l'échelle et leurs défis d'enfants. Même si cela n'est pas toujours possible, systématiser son quotidien en se tenant au fil directeur d'une routine ponctuée de rituels crée un cadre rassurant pour l'enfant. Soyez prévisible. Instituez un ordre dans la routine: goûter / jeux /bain / lecture / souper par exemple. Si l'enfant est absorbé par ce qu'il est entrain de faire; Ménagez lui un temps de transition avant d'avancer dans cette routine: "Tu te souviens, comme tous les jours, après le goûter et les jeux, c'est l'heure du bain. Je vais le faire couler. Tu peux encore jouer 5 minutes (et pourquoi ne pas utiliser un minuteur si le concept des 5 minutes reste trop abstrait pour l'entant) et ensuite hop dans le bain."

Tenez compte de ses limites. S'il est fatigué ne négligez pas la sieste avant de l'emmener au supermarché. S'il a un trop plein d'énergie, un passage par le parc lui permettra de se défouler avant de vous accompagner aux courses. Assurez vous d'avoir dans votre sac un petit quelque chose qui le distraira si l'attente risque de se faire longue en caisse. Pensez à prendre de quoi lire ou dessiner pour les salles d'attente. Glissez un fruit et une petite bouteille d'eau dans votre sac au cas où votre sortie dure plus longtemps que prévu. S'il a du mal à partager quand les copains viennent jouer proposez lui une boite rien qu'à lui où il pourra mettre quelques uns de ses jouets les plus précieux à ses yeux, dites lui que personne ne touchera à cette boite spéciale durant le temps de la visite des amis mais qu'en retour il doit partager tout ses autres jouets avec les copains. Cette technique permet à l'enfant de garder un certain contrôle sur son environnement et son besoin de possessivité tout en le poussant vers l'effort du partage.

Soyez aussi à l'écoute de vos propres besoins tout en cultivant votre "moi" intérieur.

Tout dévoué que le parent peut être à l'enfant, il est important aussi qu'il ne s'oublie pas en chemin. Tout en œuvrant à cette enfance épanouie, il doit rester à l'écoute de ses propres besoins.

Il y a les besoins basiques qui, s'ils ne sont pas respectés, peuvent déséquilibrer tout notre être et faire en sorte que la colère s'infiltre à fleur de peau: la fatigue, le manque d'exercice, un déséquilibre alimentaire, le stress.

Mais il ne faut pas oublier non plus de cultiver l'être que nous sommes au delà de la parentalité. Broder l'amitié, cultiver les passions, s'accorder des plages d'évasion. L'enfant sentira son parent plus solide et son environnement moins fragile s'il a conscience que l'équilibre parental ne repose pas entièrement sur les liens qui les unissent.

Comptez sur l'entraide. Appuyez-vous sur les autres et passez le relais.

La parentalité n'est pas une croisade à mener seul. Il est bon que les parents accordent bien sûr leurs violons, mais aussi qu'ils ne se replient pas sur leur cocon familial à l'en étouffer. Sur le chemin de la parentalité, il est toujours bon d'embarquer des compagnons de voyages. La famille, des amis. Des tuteurs et des guides qui pourront inspirer votre parentalité, proposer soutien et alternatives et qui, en vous offrant leur aide, vous ouvriront ces pages de liberté où aller vous ressourcer et cultiver votre vous intérieur pour trouver un équilibre qui vous écartera des voies de la colère et du tonnerre des cris, heureux qu'à d'autres moments vous serez aussi là pour leur rendre la pareille. "Il faut tout un village pour élever une enfant" dit le proverbe.

Évitez les situations de conflits en communiquant clairement vos attentes et les conséquences de leur non-respect à vos enfants.

Il est important que vos établissiez des règles claires au sein de votre famille. Si vos enfants sont assez grands vous pouvez les inclure dans la réflexion afin de définir ces règles et instaurer une sorte de conseil de famille où chacun fait part de ses besoins et frustrations et où réfléchir collectivement à des façons de vivre au mieux en famille.

Ne faites jamais de menaces en l'air et assurez-vous de pouvoir appliquer sur le champ ce dont vous menacez votre enfant s'il ne vous écoute pas.

Fermeté mais aussi flexibilité. Ce qui était maitre mot quand votre enfant avait 3 ans, ne sera plus forcément adapté quand il en aura 8. Faites évoluer vos règles en fonction de la maturité de vos enfants.
Car il n'est pas toujours évident de refrainer ses pulsions, nous verrons demain comment faire face lorsque la colère monte, monte et monte encore. Comment ne pas dépasser ce point de non retour après lequel la maisonnée se transforme en boite à hurlements.