Frapper son prochain n'est pas bien. Que ce soit un camarade à l'école ou son petit(e) frère/soeur, la plupart des mamans enseignent à leurs enfants qu'il ne faut pas frapper, même si on est très énervé. Pourtant, lorsqu'on les interroge sur une situation dans laquelle l'enfant revient de l'école en se plaignant d'avoir été poussé/frappé, la donne change et une majorité des parents conseillent alors de rendre les coups, parfois même sans en référer à un adulte (maîtresse ou maître). Mais est-ce une bonne chose de dire à son enfant d'utiliser la violence, même dans ces cas-là ?
Deux écoles de pensée
C'est une question difficile : En effet, aucun parent ne souhaite que son enfant soit connu comme le méchant de la classe, celui qui frappe tout le monde, qui est puni souvent, etc. Aussi, on enseigne à nos enfants qu'il faut être gentils, qu'il faut prêter et surtout, qu'il ne faut pas frapper.
Dans le même temps, nous n'aimons pas voir nos enfants revenir de l'école en se plaignant d'avoir été brutalisés, poussés, etc. On ne veut pas que nos enfants deviennent les souffre-douleur du groupe. Aussi, quand cela arrive, notre sang ne fait qu'un tour. Oeil pour oeil, dent pour dent, telle est la devise de bon nombre de parents soucieux de rapidement rectifier la trajectoire.
Pour d'autres parents encore, cela doit passer par les adultes. "Si on te frappe, tu vas voir la maitresse", "Si on te frappe, tu m'en parles". En gros, quelque soit la situation, l'enfant ne doit pas répondre par la violence car cela reviendrait finalement à se rabaisser au niveau de celui qui frappe.
Alors, quelle méthode donne les meilleures résultats ?
La réponse non-violente
Les parents qui prônent cette solution considèrent que répondre à la violence par la violence peut causer plus de dommages qu'autre chose. En effet, on peut facilement rentrer dans une escalade de la violence, une spirale où chaque coup porté est rendu, à chaque fois un peu plus fort que le précédent. Ainsi l'enfant qui avait été juste poussé la veille peut se retrouver le lendemain l'auteur d'un gros coup de poing.
Aussi, ayant "l'autorisation" de ses parents pour rendre, l'enfant va s'en remettre à son propre jugement pour donner ou non un coup en réponse à ce qu'il considère comme une agression. Un enfant peut ainsi rendre le coup s'il est bousculé, même involontairement par un camarade. Et comme un enfant en bas âge peut considérer toutes sortes de situations comme des agressions ("Il m'a pris mon jouet"), l'enfant peut très vite devenir celui qui frappe et non plus celui qui rend.
Ok, mais si on ne répond pas par la violence, on répond comment ?
La réponse principale des mamans est qu'il faut aller voir un adulte, le plus souvent la maîtresse ou le maître. Qu'il faut leur dire ce qui se passe de manière à ce qu'ils agissent en conséquence. Étant sur place et connaissant bien les deux protagonistes de la situation, eux-seuls sont à même de prendre les bonnes décisions (punir l'un des enfants, les séparer simplement, leur expliquer qu'ils ne doivent pas se disputer, etc).
[Je lui dis] qui faut en parler au prof, Manon R.
Une autre solution est de se défendre avec les mots : parler à l'auteur des coups. Lui dire d'arrêter. Et si cela ne fonctionne pas, parler bien plus fort, de manière à attirer l'attention d'un adulte ("ARRÊTES DE ME FRAPPER!!!!!"). L'adulte proche viendra à priori s'enquérir de la raison pour laquelle un enfant se plaint.
Enfin, cela peut passer par les parents. Dans ce cas, l'enfant se fait frapper mais en parle à ses parents le soir même. Ainsi, il a une oreille attentive pour l'écouter, le comprendre, l'aider à exprimer ce qu'il a ressenti, ce qu'il ressent encore.
Je l'aiderai à mettre des mots sur ce qu'il a ressenti à ce moment là et à trouver les mots quand la situation se représentera et vers qui se tourner.
Ensuite, les parents prennent le relai : ils peuvent aller voir la maîtresse ou le maître pour évoquer la situation ou aller voir directement l'autre parent pour en discuter (pas de violence là non plus hein ;-)).
La réponse violente
De nombreux parents prônent cette solution dans la mesure où ils considèrent que c'est un droit de l'enfant de se défendre. Tendre l'autre joue a ses limites.
[...] Il te met une claque tu lui en mets une non mais lol, Alice E.
il n'a pas le droit de taper par contre si on le tape la consigne est claire SE DEFENDRE! j 'essaie de bien lui faire comprendre la nuance... lol, Audrey M
Aussi, si l'enfant veut mettre un terme à la situation dans laquelle il se fait frapper, il doit frapper également. Et si possible suffisamment fort pour que l'autre enfant comprenne une bonne fois pour toutes.
Lorsqu'on est enfant, qu'on a été cajolé par ses parents pendant des années, la réalité de la vie sociale et ses difficultés frappent littéralement en pleine face. L'enfant peut se retrouver très perturbé. Lui qui n'avait jamais connu la moindre violence se voit d'un coup bousculé. Il peut alors perdre confiance en lui si rien n'est fait. Et quoi de mieux pour reprendre confiance en soi que de se défendre par ses propres moyens. Aussi, le pousser à se défendre va lui permettre de retrouver la confiance en lui, de s'affirmer en tant que personne.
[je dis à mon fils] De s'defendre de n'pas s'laisser faire et d'apprendre a s'affirmer avec le non arrete[...], Vanessa
[...]S'il se défend pas ce sera le souffre douleur de la classe. C pire, Nadouchka N
En effet, qui veut que son enfant revienne tous les jours de l'école, misérable, la peur au ventre à l'idée de retourner à l'école le lendemain ? Aussi, on dit à l'enfant de rester droit face à l'adversité, de ne pas courber l'échine. Aller voir l'adulte reviendrait à s'incliner. On te frappe, tu frappes.
Dire à son enfant de frapper implique aussi d'assumer les conséquences, que ce soit par l'enfant ou par vous. Dans les écoles, on n'aime pas les enfants qui se battent. Et très souvent, il est difficile de savoir qui a commencé. Aussi, lors d'une bagarre, ce sont les deux enfants qui sont souvent punis. Ce sont les conséquences qui peuvent être mal vécues par l'enfant si ce dernier estime qu'il est dans son bon droit ("mais mon papa il m'a dit de me défendre", "mais c'est lui qui a commencé").
Les parents peuvent avoir à affronter les conséquences aussi, par exemple si l'enfant blesse l'autre en rendant les coups. Cela peut même parfois finir au tribunal!
Au final, la question demeure ouverte et personne n'a d'avis tranché sur la question. Le père et la mère peuvent eux-mêmes ne pas être d'accords et l'enfant se retrouve avec des messages variables d'un parent à l'autre, ce qui n'est pas mieux. Donc, parents, discutez-en, évaluez le pour et le contre des 2 méthodes et prenez votre décision.
D'ailleurs, vous êtes plutôt "il faut rendre les coups" ou plutôt "parles-en à un adulte" ?