Mon accouchement naturel

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\ Accouchement du 27 décembre 2013
t Durée : 6 heures
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Le 26 décembre 2013, j’en suis à 39 semaines -2, nous nous rendons au rendez-vous avec notre sage-femme à 11 :00. Tout va bien, elle me demande si je désire un examen pour savoir où en sont mon col et la mise en place du bébé. J’accepte car je suis trop curieuse pour attendre davantage. La semaine précédente j’ai eu des contractions de Braxton Hicks qui semblaient un peu différentes de celles j’ai ressenties jusqu’à présent.  L’examen révèle que mon col est très mou, il commence à être sérieusement effacé. Elle nous dit aussi que la dilation s’est tranquillement amorcée, mon col est ouvert d’un demi doigt (0,5cm) et le bébé est bien descendu dans mon bassin (-2cm). Mon amoureux et moi nous réjouissons de cette nouvelle, nous avons tellement hâte! Comme ma DPA est le 4 janvier et son retour de vacances le 6, elle croit qu’elle sera présente à l’accouchement et nous informe que ça ne devrait pas trop s’étirer dans notre cas. Elle nous mentionne également que suite à l’examen, il est fort possible que j’aie des saignements dans le courant de la journée. Nous quittons avec le sourire, elle nous avait souvent mentionné tout au long du suivi qu’une première grossesse impliquait souvent un accouchement un peu plus tardif. Tant mieux si ce n’est pas le cas, nous sommes impatients!

Nous rentrons donc à la maison et menons une petite journée relaxe. Je poursuis mes lectures de récits d’accouchements, mon chum travaille un peu. Nous soupons tranquillement avant de visionner un épisode de Vampire Diaries, la série préférée de la fille de 10 ans de mon chum.

Vers 21 :30, mon homme et moi nous installons au lit avec le portable pour visionner un film de super héro. Le film nous accroche plus ou moins, peut-être un peu à cause du fait que je dois me rendre régulièrement soulager ma vessie! Vers 23 :00 en revenant de la salle de bain, je me rends compte qu’un filet le sang me coule entre les jambes. Mon amoureux me suit jusqu’à la salle de bain pour constater le tout. Ce n’est rien de particulièrement abondant, on en vient à se dire que la sage-femme nous avait prévenu que ça pourrait arriver. De retour au lit j’ai de légères crampes. J’ai une faim qui s’installe alors on décide de ne pas terminer le film, on va plutôt grignoter un peu avant de se remettre au lit. On discute alors de ce qui devra être fait le lendemain en prévision de la venue du bébé et de l’accouchement à domicile que nous avons planifié. Presque tout est prêt mais il reste quelques détails à régler. Mon homme veut vérifier son système de boyaux d’arrosages qui seront fixées aux entrées d’eau de la laveuse pour remplir la piscine de naissance que nous nous sommes procurée.

De 1 :00 à 3 :00 du matin, j’arrive à somnoler, mon sommeil est agité, empreint de fébrilité. Vers 3 :00 je me réveille, les crampes se sont un peu accentuées mais rien de trop intense. J’informe mon amoureux que je vais prendre un bain afin de vérifier si ça passe. Une fois dans la salle de bain je constate que les saignements sont encore présents mais cette fois, je distingue un filet un translucide et gluant. Je retourne à la chambre «Mon amour! Je crois que je perds le bouchon muqueux!» Nous observons le tout et en venons à la conclusion qu’il s’agit bien de ça. Comme les crampes se poursuivent, on installe une horloge dans la salle de bain afin de constater s’il y a une régularité. Je conseille à mon amoureux de retourner au lit le temps de mon bain. Lorsque j’embarque dans la baignoire il est 3 :30 et l’aiguille de l’horloge ne bouge plus. Je n’ai pas envie d’ajuster la pile qui a dû se déplacer lors du transfert de la cuisine à la salle de bain. Bon, tant pis pour la régularité, on vérifiera plus tard. Je reste dans le bain une trentaine de minutes, les crampes persistent, ça semble bien être des contractions. En sortant du bain la perte du bouchon muqueux se poursuit. Je m’installe au salon pour écrire à ma meilleure amie qui voulait avoir des nouvelles le moment venu. Je l’informe donc que c’est surement pour bientôt tout en gardant en tête qu’il est possible que le travail s’arrête subitement. À 4 :20 je me dis qu’il est grand temps de vérifier le temps entre les contractions qui semblent se rapprocher. Elles sont environ aux 4-5-6 minutes, c’est donc plutôt régulier. La douleur commence elle aussi à s’intensifiée. Il est sans doute temps d’appeler la sage-femme pour l’informer des derniers évènements et ma mère avec qui nous avions convenu qu’elle viendrait chercher la fille de mon chum le moment venu. Ce dernier, qui est venu me rejoindre au salon, se charge de la logistique, réveille sa fille pour l’informer qu’elle devra se préparer un petit bagage car le jour tant attendu est probablement arrivé. Elle, qui avait si hâte à l’heureux évènement, se fait très discrète. Elle est sans doute impressionnée par les sons graves que je commence à émettre pour gérer les contractions qui sont toujours aux 5 minutes. La sage-femme est mise au courant et nous dit qu’elle arrive pour vérifier où en est le travail. Elle nous informe aussi qu’une autre femme a crevé ses eaux cette nuit. La fille de mon chum vient discrètement me faire un câlin à la fin d’une contraction puis elle quitte avec ma mère vers 6 :30.

Notre sage-femme arrive un peu avant 7 :00. Elle me fait un examen à la fin d’une contraction. Elle m’informe que j’en suis à 2,5 cm de dilatation, que le travail est amorcé mais que je suis en période de latence. Elle installe son matériel puis nous laisse mon chum et moi car elle doit aller vérifier ce qui se passe pour l’autre maman. Elle me dit aussi qu’à ce stade elle serait partie de toute manière jusqu’à l’arrivée du travail actif pour nous laisser un moment dans notre cocon mon copain et moi. Mon chum est un peu partout à la fois, il me refait couler un bain, organise l’espace, branche les tuyaux d’arrosage, gonfle la piscine de naissance et vient me tenir la main à quelques reprises lors des contractions. La pompe fait un vacarme d’enfer et j’ai hâte que ça se termine. L’odeur de plastique me lève le coeur, je demande un récipient au cas où. Ma sage-femme me suggère d’attendre un peu avant d’embarquer dans le bain si je peux le supporter dans le but de ne pas ralentir le travail. Oui, c’est gérable, je décide d’attendre un peu. Avant son départ, je l’entends discuter à voix basse avec mon homme. Elle me suggère de manger si c’est possible, (ouf, je n’ai tellement pas faim) puis quitte un peu avant 8 :00. Mon amoureux vient alors me demander si je veux savoir ce qu’elle lui a dit. J’hésite un peu car la douleur s’accentue et j’ai peur d’être découragée par ce qu’il va me révéler. Étant curieuse de nature, je ne peux pourtant pas me résoudre à ne pas savoir. Il me dit donc que ma sage-femme lui a révélé que c’était pour aujourd’hui mais fort probablement pas avant tard ce soir. Hum, ça m’apparait tellement loin... Elle demande de la rappeler lorsque le travail aura gagné en intensité ou si je crève les eaux.

À 9 :00 je vais finalement prendre un bain, la chaleur me fait du bien et je n’ai pas du tout l’impression que le travail en est ralenti, au contraire... C’est de plus en plus fort et rapproché. Je me demande même comment je vais arrivée à regagner le matelas installé dans le salon. Fin d’une contraction, je me dépêche de sortir et de m’assécher, j’encaisse une autre contraction dans la salle de bain puis je m’élance jusqu’au salon. Mon chum me demande si je désire tenter les points de pression de la méthode Bonapace durant les contractions. Après une tentative je me rends compte que ce n’est pas fait pour moi, un simple effleurement me perturbe. Le mal se situe dans le bas du dos, je ne me l’étais pas imaginé ainsi. Le simple fait que mon chum se déplace doucement sur le matelas atteint ma concentration. Je produis toujours des sons graves lorsqu’une contraction arrive, ça m’aide à garder le focus sur ma respiration. Mon amoureux respire avec moi m’effleure doucement lorsque la contraction est passée, ça me fait du bien. Il m’encourage, me dit qu’il m’aime, me donne de l’eau avec une paille (d’ailleurs une chance qu’on en avait! C’était réellement facilitant!). Quand la contraction arrive, je visualise mon bébé qui trace son chemin pour arriver jusqu’à nous et je pense à toutes les femmes qui ont accouchées naturellement depuis la nuit des temps. Ça m’aide à accepter la douleur.

À 11 :50 voyant que les contractions sont intenses et rapprochées, mon chum décide de calculer leur durée et l’espace entre chacune. De 12 :00 à 12 :20 le temps me semble interminable. J’ai l’impression que les contractions se sont espacés, je somnole un instant entre chacune et c’est finalement ce qui me donne cette impression puisqu’à ma grande surprise mon chum m’indique qu’elles sont aux 3-4 minutes et durent en moyenne une minute. J’ai alors un moment de découragement à l’idée que le travail puisse durer encore des heures et je me demande comment je vais tenir le coup si c’est réellement le cas. Histoire de changer le mal de place, je demande de retourner dans la baignoire, je me vois mal attendre sur ce lit que le soir arrive. À 12 :20 je me rends dans la salle de bain, j’encaisse des contractions hyper rapprochées, je dois m’accoter sur le comptoir puis m’assoir sur la toilette un moment, c’est très inconfortable. J’embarque dans l’eau, la chaleur est si bonne sur le coup. Toutefois les contractions s’enchainent à un rythme effréné. Je retiens fortement la main de mon chum, à un moment où il s’enligne pour inscrire l’heure de la contraction. Je me dis rien à foutre de l’heure. À 12 :50, une énorme contraction me tient en haleine pendant plus de 2 minutes, je commence à penser qu’à cette intensité il serait sans doute temps de rappeler ma sage-femme. Subitement, je sens une pression dans le rectum... La poussée? Déjà? Ça doit seulement être une envie d’aller à la toilette, il n’est même pas 13 :00! Dans la minute qui suit, je me lève, aidée par mon homme, pour m’installer sur le siège de toilette. À peine sortie de la baignoire je sens un liquide coulé entre mes jambes, c’est transparent. Ça y est les membranes sont rompues, je perds mes eaux à 13 :00. Mon chum m’aide à me réinstaller sur le matelas pour ensuite appeler ma sage-femme à 13 :05. Au fil de la discussion, j’entends une pointe de déception dans sa voix. Une fois l’appel terminé, il m’informe qu’étant donné la complexité de la journée (2 accouchements en même temps et seulement trois sages femmes en service, alors que la norme demande 2 sages-femmes par patiente lorsque la poussée arrive) elle va envoyer une autre sage-femme m’évaluer. Si le travail est très avancé, je vais devoir être transférée à l’hôpital Saint-Luc, dans les locaux attribués aux sages-femmes avant que la maison de naissance soit construite. La priorité étant que les sages-femmes puissent circuler entre les deux patientes pour ainsi favoriser la sécurité de chacune. Bien que je comprenne ce qui motive cette décision, j’en suis totalement bouleversée. Nous avions tant rêvé d’un accouchement à domicile et la raison qui fait en sorte que nous devions quitter notre domicile n’est pas attribuable à ma condition mais à un contexte extérieur peu favorable au projet. Aussi, je me vois très mal me rendre à l’hôpital dans les conditions actuelles. Je perds du liquide à chaque contraction et le tout s’accompagne d’une forte envie de pousser. Je suis triste, j’ai envie de pleurer. Pendant que la tempête traverse mon corps, mon chum tente désespérément de préparer un petit bagage express en prévision notre transfert à l’hôpital. Cette situation fait en sorte que je me sens seule dans la tempête pendant un moment. Il vient un temps où je lui sers la main et je lui dis que je me sens seule, je vois bien que ça le perturbe, il demeure très calme mais ne sait plus trop où donner de la tête. C’est tant pis pour les bagages, il reste près de moi. Je l’informe que ça pousse énormément, je me retiens tant bien que mal. Chaque contraction vient avec son flot de liquide amniotique et la descente du bébé s’opère. Mes vocalises changent automatiquement et ma respiration aussi. J’ai l’impression de perdre tout contrôle, les sons que j’émets passe subitement du grave à l’aigue au cours d’une même contraction. Je sais qu’il est trop tard pour un quelconque transfert, le bébé sera bientôt là. La sage-femme tarde à arrivée, il neige dehors et les conditions routières ne sont donc pas favorables. Il est près de 14 :00, je sens la tête, elle avance un peu puis recule à chaque contraction et j’ai encore ma petite culotte (ma sage-femme nous avait dit de la mettre afin de vérifier que le liquide était bien clair). Je me dis que je dois absolument l’enlever. Mon chum, qui tente de me rassurer du mieux qu’il peut, est plutôt dépassé par les évènements. Il me dira par la suite avoir retenu ses larmes pour ne pas me troubler et qu’il ne s’imaginait pas que le travail en était aussi loin. Moi, je désespère de me retenir, je ne sais plus quoi faire. C’est affirmatif, le bébé sera là dans peu de temps. Je lui demande de rappeler la sage-femme. Il le fait et, oh bonheur, on entend sa pagette dans la cage d’escalier, ça y est, c’est elle qui arrive.

Il est 14 :00 et je me sens rassurée. Elle se lave les mains et vient me voir, je lui dis que ça pousse. Elle appelle rapidement une autre sage-femme pour lui dire de venir nous rejoindre, que la naissance est imminente. Elle et mon chum m’aide à retirer ma culotte. Mon amoureux devient très émotif et me dit d’une voix heureuse et fébrile qu’il voit notre bébé. Une contraction arrive, la sage femme m’encourage, me dit que je fais bien ça et de laisser le temps à mon corps de s’adapter au passage du bébé. Une fois la poussée terminée, le bébé reste bien engagé dans le périnée. La sage-femme me dit qu’il s’agit du petit couronnement et que la prochaine poussée sera plus douloureuse puisque ce sera le « fameux » grand couronnement. Moi, je n’ai plus peur, la douleur ne m’importe plus, je sais que je tiendrai bientôt mon bébé dans mes bras. La contraction arrive, je pousse, ça fait tellement de bien de sentir que je peux pousser librement, sans retenue. Flop, la sage-femme prend littéralement une douche alors que la tête passe, suivi du corps en une seule poussée. Elle attrape le bébé qui ne tarde pas s’exprimer au sujet de l’épreuve qu’il vient de vivre. Mon bébé est déposé sur mon ventre. Moi, je ris, j’ai les yeux qui brillent d’émotions et je n’en reviens pas de ce que nous avons accompli. Mon chum pleure, il s’approche de nous deux, me dit qu’il m’aime et que le bébé est beau.

Il est 14 :07, tu viens au monde sous le sapin 7 minutes après l’arrivée de la sage-femme. Tu es notre plus beau cadeau. Nous profitons du moment, je suis tellement heureuse, papa aussi. Nous attendons dix minutes avant de vérifier ton sexe. Tu es une petite fille, la plus belle du monde.

Entre temps, la deuxième sage-femme arrive avec sa stagiaire et une aide natale qui, telle une petite abeille bienveillante, nous concocte un petit goûter (j’avais une de ces faims!), fait du lavage et range la cuisine. Le cordon continu de battre une vingtaine de minutes avant que papa le coupe afin que je te mette au sein. Tu es tellement vigoureuse. La délivrance se fait à 14 :45 et bon sang qu’à cet instant je comprends le sens de ce mot. Comme j’ai une déchirure au 2e degré, la sage-femme doit me faire des points, ça pince et j’ai hâte que ça se termine pour que nous puissions déménager dans notre chambre où un lit douillet nous attend tous les trois. Ce moment, nous l’avions tant attendu et espéré avant même ta conception, c’est magique. Ça fait maintenant 8 jours que tu es parmi nous, c’est le début d’une nouvelle vie... Nous avons choisi ton prénom six jours après ta naissance, nous voulions prendre le temps de faire ta connaissance. Tu es un bébé merveilleux, tu es calme et vigoureuse à la fois.

Bienvenue petite Constance, ton papa et ta maman t’aiment immensément.

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