Notre petit gabriel, né à la maison...
Nous sommes le lundi 17 décembre, et tu devrais arriver normalement entre le 23 et le 30 décembre. Au dernier examen de Sylvie, notre sage-femme, rien ne laisse penser que tu es sur le point d'arriver, mais elle me dit que tu es notre 3e enfant, et que tout peut se modifier très vite dans mon corps...
En ce merveilleux jour, ton papa se lève comme d'habitude vers 6h30. Je me réveille en même temps que lui. J'ai une sensation étrange, je suis consciente qu'il s'est passé quelques chose dans la nuit, que j'ai eu des contractions douloureuses, mais ça ne m'a pas pour autant sorti de mon sommeil... Je vais aux toilettes et je me rend compte qu'il y a un petit filet de sang quand je m'essuie... En riant, je dis à ton papa que c'est le grand jour ! Je retourne dans le lit. Je discute avec ton papa, je lui raconte même des blagues, c'est étrange vu l'heure, moi qui d'habitude n'aime pas être réveillée si tôt ! Puis il fini par partir. Et moi je ne vais pas me rendormir...
7h30, il est l'heure pour moi d'aller réveiller tes grandes sœurs pour l'école. Aussitôt levée, je commence à avoir quelques contractions. Je ne calcule pas leur écart mais je me dis que ça revient bien souvent...
7h44, j'envoies un message à ton papa en rigolant :
- « Aie aie aie prépare toi à rentrer quand je te donne le top chrono »
Puis je décide de contrôler l'écart entre les contractions : toutes les 2 minutes !!!
Je comprends que ça y est, la machine est lancée, tu vas naître aujourd'hui !
8h00, je rappelle ton papa en lui demandant de rentrer, que je mes contractions sont très rapprochées, et que j'ai un peu peur de rester seule, que le travail risque de s'accélérer... Il m dit qu'il arrive de suite.
Dans la foulée j'appelle Sylvie, je lui dit que le travail est certainement en route, je ne lui dit pas l'intervalle entre les contractions, seulement qu'elles sont inconfortables. Ce jour là j'ai justement mon dernier cours de préparation à 10h. Elle me dit de venir si je me sent, qu'elle m'examinera sur place, mais que sinon je ne vienne pas et que je la tienne au courant de l'avancée du travail...
Pendant ce temps tes sœurs ont déjeuné, j’essaie tant bien que mal à les habiller, mais je n'y parvient pas, je suis perdu, je ne sais pas par où commencer... Lana ne veut pas s'habiller. Moi je n'ai qu'une hâte c'est que ton papa arrive et emmène tes sœurs à l'école. J'ai besoin de me sentir seule, de rentrer dans ma bulle...
Papa arrive enfin et vers 8h20 tes sœurs partent pour l'école. Je décide de ne rien leur dire, sait-on jamais...
Pendant ce temps, je décide d'aller prendre une douche vite fait. Je réussit même à me laver les cheveux en m'arrêtant souvent pour souffler durant les contractions. A chacune d'elle ça me tire dans le dos, et j'ai besoin de m'étirer.
En sortant de la salle de bain, je me dis qu'il est temps de tout préparer. Je fais le lit comme me l'a demandé Sylvie, avec des alèses, je sors tout ce qu'il faudra pour quand tu seras né, le matériel médical loué, la trousse à pharmacie que Sylvie m'a fait préparer, les bassines...
Ton papa revient de l'école, il est très zen, il s'occupe comme si de rien n'était car il voit que pour l'instant je gère bien. Moi je tourne en rond comme un lion en cage, je n'arrive pas à me poser, je suis excitée. Papa est à l'ordinateur, et je reste près de lui dans le salon. Je m'appuie sur la table à chaque contraction et je m'étire, ça fait du bien !! Maintenant je suis obligée de mettre une alèse sur la chaise car je perd beaucoup de bouchon muqueux...
Je fais les 100 pas dans toute la maison, de toute façon tant que je peux le faire, c'est mieux, pour faciliter le travail...
10h00, je commence à avoir un peu plus mal, je suis obligée de souffler de plus en plus fort pendant chaque contraction. J'appelle Sylvie, à ma voix elle comprend de suite, elle me dit « tu commences à avoir mal » je lui réponds que oui, et que depuis que je l'ai appelée les contractions reviennent toutes les 2 minutes. Elle me dit qu'elle annule vite le cours de préparation, et qu'elle arrive.
Je décide d'aller dans la chambre, sur le lit. Les contractions s'intensifient vraiment. Je suis assise à genoux, et à chacune d'elles, je me mets à quatre pattes, c'est la seule chose qui me soulage un peu, je continue d'étirer mon dos en même temps. Je râle après ton papa parce que maintenant il faudrait qu'il soit près de moi, j'ai besoin de lui, de son soutien... Il vient me voir, mais repart.
10h21, j'entends un bruit, un craquement, et je sens du liquide couler le long de mes cuisses. Je hurle à ton papa de venir. Il arrive en courant. Je fond en larmes, j'ai mal, et à partir de ce moment cette douleur va vraiment s'intensifier et ne plus me quitter...Je regarde la couleur du liquide, il est bien clair. Ton papa m'aide à changer l'alèse trempée.
10h28, je demande à ton papa de rappeler Sylvie, la douleur est trop forte, j'ai besoin d'elle près de moi. Il compose le numéro et me passe le téléphone, seulement je suis en pleine contraction et je suis incapable de parler. En même temps j'entends la sonnette. Quel soulagement, je comprends de suite que c'est elle, qu'elle arrive. J'ai tellement besoin d'elle. Le temps qu'elle monte l'escalier, une autre contraction m’envahis, elle me trouve à quatre pattes sur le lit, la tête enfouie dans le coussin. Elle attend qu'elle passe avant de me parler. Entre chaque contractions, on discute tous les 3. Puis quand une contraction arrive, elle m'aide à respirer, et elle me masse les reins, qu'est-ce que ça fait du bien !!
Je ne regarde plus trop l'heure, mais il doit être 10h45 lorsqu'elle propose de m'examiner. Elle me dit que je peux rester à quatre pattes, mais elle n'arrive pas à trouver mon col. Il est toujours très postérieur et elle me dit qu'il faudrait que je m'allonge pour qu'elle y accède plus facilement. C'est une torture de devoir bouger, je souffre. Le toucher vaginal me fait souffrir, surtout pendant les contractions, mais je laisse faire Sylvie. Elle arrive à atteindre mon col et me dis que j'ai bien travaillé, que je suis à 5cm. Je ne réalise pas trop sur le moment que c'est bien, je dis juste à Sylvie que pour ta sœur Cloé, jusqu'à 5cm je n'ai absolument pas souffert, alors que là il y a déjà quelques heures que j'ai mal... Puis elle écoute ton petit cœur, il bat la chamade, je suis soulagée d'entendre que tu vas bien !
Sylvie me donne de l'homéopathie parce que mes contractions sont trop rapprochées et ne durent pas assez longtemps... J'ai un peu plus de répit après entre chaque contractions, mais elles sont bien plus fortes en intensité ! La position accroupie/quatre pattes ne me soulage plus du tout.
J'ai envie d'aller faire pipi, et de retour dans la chambre, Sylvie me propose d'essayer de me mettre sur le ballon... Ça ne me dis rien, mais je tente quand même. Ce n'est pas désagréable, mais ce n'est pas miraculeux, à chaque contractions je me jette sur le lit. A un moment je décide de rester debout. Sylvie me soulage énormément quand une contraction arrive, elle m'aide à basculer mon bassin et ça fait du bien !
Puis à nouveau la position ne me convient plus, je retourne sur mon lit. Plus aucune position ne me soulage, et les contractions reviennent à nouveau toutes les 2 minutes, puis rapidement toutes les minutes. Je me crispe, je n'arrive plus à gérer cette douleur. Sylvie m'aide à respirer, elle me dit de bien chasser l'air vers toi mon bébé.
Elle me demande de te parler, de te guider... C'est difficile au début. Puis petit à petit, à chaque contraction, je te montre le chemin. Je pense beaucoup à toi, à ce que tu es toi aussi en train de vivre. J'espère que tu ne souffres pas trop... Pendant 2 contractions Sylvie et papa discute. Je me fâche, je leur demande de se taire, j'ai besoin de silence...
Vers 11h45, Sylvie me dit que tu vas aimer manger, parce que tu seras là pour midi !Je lui demande si elle en est sûre ! Je ne peux plus supporter cette douleur, je veux que tout s'arrête ! Elle me dit que oui.
Ton papa se met en face de moi assis sur le ballon et Sylvie est assise à ma gauche sur le lit. Moi je me suis remise assise sur mes genoux. Je répète après chaque contraction à Sylvie que je n'en peux plus, que je n'y arrive plus, je veux que tout s'arrête !! Elle me dit qu'elle sait, et que c'est ce qui lui fait penser que tu vas arriver, que tu amorce ta descente...
Je commence à avoir envie de pousser, pourtant je te sent encore très haut... Puis je sens un écartement au niveau du pubis. Je dis à Sylvie que ça y est tu es dans mon bassin. J'ai besoin de me mettre accroupie, mais je ne tiens pas sur mes jambes, j'ai trop mal... Je dis vite à Sylvie et à ton papa de me passer le siège d'accouchement. Ils me le glisse vite et m'aident à m'y asseoir. Je me sens bien dessus, c'est exactement ce qu'il me fallait !
Elle me met du désinfectant sur les mains pour que moi même je puisse vérifier si tu arrives... Je touche et je ne sens rien, tu n'est pas encore là... A chaque contraction l'envie de pousser se fait de plus en plus intense. Et après chaque poussée, je touche mais je ne te sens pas...
A un moment donné, je regarde ton papa dans les yeux, et il me fait un beau sourire avec un clin d’œil. Ça me remplie de force et à la contraction suivante, il faut que je pousse, plus fort. Le souffle a laissé place à un bruit, un râle ! Ça me surprend beaucoup car pour tes sœurs aucun son n'était sorti ! Mais là c'est plus fort que moi... J'ai un peu de répit, puis à nouveau l'envie de pousser arrive. Mes mains s'agrippent à mes cuisses, je pousse de toute mes forces, le son qui sort de ma bouche est encore plus puissant. Je sens cette brûlure, si caractéristique ! Je sais que tu es là, tout prêt ! Sylvie écoute ton cœur. Il est plus faible que tout à l'heure. Je lui demande si tout va bien elle me dit que oui tu vas bien, mais que forcément tu n'es pas très à l'aise en ce moment même...
J’aperçois que devant moi Sylvie a préparé son matériel, et je réalise que ça y est, je vais te voir !! L'envie de pousser revient vite, je pousse longtemps très longtemps, mes sons me surprennent, mais Sylvie me dit que ce que je fais c'est très bien. Je sens ta tête qui sort, mais je ne peux pas m'arrêter de pousser, et ton petit corps suit je te sens glisser tout entier. La fraction de seconde après j'ouvre les yeux et tu es là devant moi. Je t'attrape vite, je te colle à moi. Je ne réalise pas. Tu es si beau, tout rond !
Ton papa nous prend tous les 2 dans ses bras, on s'embrasse, je lui dit que je l'aime. Je te regarde, tu es blotti dans mes bras. Tu me regardes aussi, et je réalise que tu n'as pas pleuré ! Je ne suis pas inquiète, mais je demande quand même à Sylviue si tout va bien. Elle me dit que oui, tu es tout rose et paisible.
Elle me demande de te mettre au sein. Tu ne le prends pas immédiatement, mais quelques secondes après, ça y est, tu tète. Nous sommes en peau à peau pour que tu profites de ma chaleur. Ton papa et Sylvie m'aident à me lever du siège et m'allongent. Je dis à ton papa de faire attention de ne pas tirer ton cordon car nous sommes encore reliés.
Je demande à Sylvie si ton passage a fait des « dégâts » elle me dit que non, il n'y a rien. Je suis soulagée ! Elle me palpe le ventre pour savoir si ton placenta est décollé, et c'est le cas, donc elle me demande de pousser un peu pour voir s'il est près à sortir. Je pousse et il sort. Elle l'examine, il est complet, tout va bien. Je vois qu'elle prépare le matériel pour couper ton cordon. Je dis à ton papa de s'approcher pour le couper, mais il me dit que si j'en ai envie je peux le faire, que lui a coupé celui de tes sœurs et qu'il me laisse le faire si je veux. Je suis contente et j’accepte. Je demande à Sylvie s'il a bien cessé de battre, elle le touche et me dis que oui, je vérifie quand même avant de le couper.
Sylvie me fait ma toilette, et avec ton papa ils nettoient le lit et me mettent des alèses propres. Au bout de 2h, Sylvie s'occupe de toi, elle raccourci ton cordon, regarde si tu vas bien. Elle demande à ton papa de te peser. Elle dit que tu es bien potelé et que tu dois bien peser 3,5kg... Verdict : 3,650kg !! 15 jours avant terme tu es un beau bébé ! Tu ne seras mesuré que 48h plus tard : 51cm, 35cm de périmètre crânien et 33cm de périmètre thoracique !
Nous allons rester 4 jours lovés l'un contre l'autre dans le lit sur lequel tu es né, comme pour prolonger ta vie in-utéro... Il m'a fallu quelques jours pour me remettre de la douleur intense que j'ai ressenti, mais ce fut tellement merveilleux de t'accueillir dans notre foyer, de t'offrir une Naissance respectueuse ! Ton papa et moi sommes très fiers ! La douceur qui a accompagné ta Naissance se reflète dans ton caractère, tu es un petit garçon très sage et paisible...

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