Arrivée express de raphaël, 4kg800, dans la voiture !
Commençons par le 26 mars, jour « officiel » du terme. Visite de contrôle à la maternité, avec l’objectif assumé de rentrer chez moi après (je voulais ab-so-lu-ment aller post-terme, ne me demandez pas pourquoi, d’ailleurs c’était déjà le cas pour mon premier). Bilan tout le monde se porte bien, il reste suffisamment de liquide amniotique pour tenir encore quelques jours, les contractions non douloureuses qui se multiplient depuis une semaine apparaissent bien au monitoring. A l’examen, le col est encore mi/trois quarts long, bien postérieur mais ouvert à 2 doigts larges. Bref oui ça avance, le corps se prépare doucement mais aucun signe d’imminence. La sage-femme me propose un décollement des membranes que je refuse, je sens bien que la machine est en train de se mettre en route donc autant laisser les choses se faire toutes seules. On me donne un autre rendez-vous à J+2 , je ressors de là soulagée : comme le col a déjà bien travaillé je n’aurai pas à attendre longtemps pour avoir ma péridurale le moment venu !! Le soir à la maison j’ai vaguement la sensation que le bébé est plus bas, rien de plus.
Nuit du 26 au 27 :
4h : mon aîné me réveille, arrive en courant dans notre chambre et vient se blottir contre moi dans notre lit. Aurait-il senti quelque chose ?
4h15 : je le recouche sans difficulté mais suis désormais bien réveillée, tant pis c’est parti pour une énième insomnie de fin de grossesse !
Vers 5h : alors que je tourne dans mon lit pour me rendormir, gros craquement dans mon bassin accompagné d’une douleur fulgurante, mon homme se réveille en sursaut. Et là le travail démarre d’un coup, contractions tout de suite extrêmement douloureuses et rapprochées. Là j’ai un léger moment de panique : sachant qu’elles sont supposées aller crescendo mais que mon seuil de douleur est directement dépassé, comment tenir sur la longueur ???
Vers 5h15 : on appelle mes parents pour qu’ils viennent garder notre aîné, en attendant j’essaye de trouver des positions antalgiques et mon homme me masse le bas du dos. Ils arrivent très vite alors que le temps nous paraît très long. Pour m’habiller je dois viser entre deux contractions, qui ne sont espacées que de quelques minutes. Mon fils se lève surexcité par l’arrivée de ses grand-parents, on prend les dernières affaires, quelques serviettes au cas où je perdrais les eaux dans la voiture, on lui fait un gros câlin et on file. Il n’a pas l’air de réaliser ce qui se passe… Arrivés à la voiture, on se rend compte qu’il nous manque LA chemise avec tous les papiers administratifs pour l’admission à l’hôpital, panique à bord ! Mon homme revient deux fois chercher dans l’appartement alors que je contracte comme une folle sans liberté de mouvement (pas grand une Twingo), je vous promets qu’à ce moment-là je l’ai juste maudit intérieurement. Alors qu’on est sur le point de partir sans, éclair de lucidité il les retrouve sous le siège passager...
Vers 5h30 : on part enfin ! L’hôpital nous paraît désespérément loin, je me vois déjà arriver trop tard pour avoir ma péridurale, je « savoure » chacun des multiples dos d’âne qui viennent d’être créés dans notre rue… Au bout de 500m je perds les eaux, à cet instant nouvelle inquiétude vis-à-vis de la douleur : si jusqu’ici les contractions étaient amorties par le liquide, qu’est-ce que ça va donner désormais ? Mon compagnon va aussi vite qu’il peut, grille un feu rouge, 5 minutes plus tard nous arrivons à proximité de l'autoroute, là je sens que ça pousse… et instinctivement j’accompagne.
Vers 5h40 : On arrive à la gare de péage, mon homme s’arrête au milieu en panique totale, me demande ce qu’il doit faire, si on tente de s’engager ou pas, mais à ce moment-là je ne suis plus capable de communiquer. Contraction suivante le haut de la tête commence à sortir, il sort de la voiture et court vers les cabines de péage (vides !) en appelant à l’aide avec les bras en l’air, croyez-moi si vous le voulez mais une partie de moi a pensé à un papillon de nuit et s’est marrée (assez surréaliste vu que dans la réalité je ne riais pas du tout, hein !)… Nouvelle contraction, la poussée me soulage et la tête sort jusqu’aux oreilles, pendant ce temps-là mon homme arrête une voiture qui passait par là, appelle les pompiers pendant que l’automobiliste appelle le samu. Avec les pompiers la communication ne se passe pas bien, pas moyen d’obtenir la moindre info tant qu’on n’a pas donné l’adresse précise de sa localisation. Et visiblement la barrière de péage, ça ne leur suffit pas, même quand on leur dit que la tête du bébé est en train de sortir ! Il finit par leur raccrocher au nez, revient vers moi et s’inquiète du fait que ça n’avance plus, craignant que le bébé soit coincé. Effectivement les choses étaient en pause de mon côté mais je me sentais bien comme ça (on a su a posteriori que c’était normal, ça correspond au moment où le plus dur est fait et où il faut arrêter de pousser pour préserver le périnée). Il tente de m’appuyer sur le ventre pour faire avancer le bébé mais me fait très mal et doit battre en retraite devant mes vociférations. Pendant ce temps le samu donne des indications au téléphone, j’ai le temps d’entendre qu’il faut surtout faire attention à bien réceptionner le bébé puis nouvelle contraction, nouvelle poussée, je hurle comme je n’ai jamais hurlé et là le bébé sort d’un coup, vrille tout seul pour faire passer les épaules, et est rattrapé au vol par son père !
Il est 5h45, mon compagnon constate que c’est un garçon (nous avions gardé la surprise) et me tend Raphaël, je le prends contre moi et nous le couvrons avec une serviette. Il ne pleure pas tout de suite, les deux hommes hors de la voiture s’inquiètent, mais moi je le sens bien vivant et tonique, d’ailleurs 10 secondes plus tard c’est parti.
A ce moment-là arrive un véhicule des services autoroutiers, qui interpelle mon homme au haut parleur et le somme de dégager le passage. Ils ont d’abord pensé qu’il sortait de soirée et avait trop bu mais le ton a vite changé quand il leur a expliqué la situation ! Ils se sont donc placés derrière nous avec gyrophare pour nous protéger au mieux. Je ne sais pas à quel moment l’automobiliste est reparti, visiblement assez vite une fois qu’il a vu que tout allait bien. Je n’aurai même pas vu son visage, il restera un figurant providentiel dans mon histoire.
Un quart d’heure plus tard les secours sont là, les pompiers coupent le cordon et nous enveloppent tous les deux dans une couverture de survie le temps que la couveuse arrive, puis ils emmènent Raphaël pour s’assurer que tout va bien pour lui. Je suis dans un état de stupeur totale, qui persistera quelques heures. La délivrance s’étant déroulée sans aucun souci et Raphaël n’ayant quasiment pas souffert d’hypothermie, on accepte de nous emmener à la maternité où était prévue la naissance, bien que ce ne soit pas tout à fait l’hôpital le plus proche. Arrivée triomphale chacun dans notre véhicule attitré, l’un avec les pompiers, l’autre avec le samu ! On nous installe en salle de naissance (étrange d’arriver là alors que le bébé est déjà sorti), vient la pesée et là cerise sur le gâteau : 4kg800 pour 52 cm ! On se doutait qu’il s’agirait d’un beau bébé (notre aîné pesait 4kg510 et les prévisions allaient dans ce sens), mais pas non plus à ce point. On nous laisse un bon moment au calme tous les trois, c’est le moment de vraiment faire connaissance.
En conclusion de ce récit, rétrospectivement je réalise que cette naissance aurait difficilement pu mieux se passer. Je ne dis pas non plus que ça a été une partie de plaisir, d’ailleurs le prochain qui me dit qu’au moins je n’ai pas eu le temps de souffrir, je le mords !!! A la base je ne souhaitais pas forcément un accouchement 100% physiologique, ou tout du moins je ne m’en sentais pas capable, mais au final je prends ce moment incroyable à ciel ouvert sous les étoiles comme un formidable cadeau.


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