Elwan, mon tout petit

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\ Accouchement du 19 mars 2007
t Durée : 7 heures et 35 minutes

Voila, je me décide enfin à prendre le temps d'écrire un petit bout de notre histoire, et oui, déjà 8 mois, et ce soir je repense à ce merveilleux moment avec un peu de nostalgie, et j'ai envie de vous le faire partager ...

Les jours passent, les semaines passent et nous cherchons le lieu propice à ton arrivée. Sans travail ni maison, nous sommes libres de déposer notre nid n'importe où, du moment que ce soit le meilleur endroit pour toi.

Après de multiples recherches, nous nous installons finalement dans ma maison d'enfance, inhabitée pour le moment mais tellement merveilleuse. Quoi de pus beau qu'un tipi en bois au milieu de la forêt ?

Nous sommes en janvier. Ton arrivée parmis nous est prévue pour le mois de mars, personne n'a su nous dire quand exacement, mais nous sommes confiants.
Nous travaillons dur pour remettre la maison qui t'accueillera en état, des mois d'innocupation l'ont laissée dans un piteux état.
Pour nous l'idée d'une naissance dans un lieu froid et impersonnel est impossible, pas quand on vit au rythme de la nature avec le chant des oiseaux pour réveil matin.
C'est à ce moment que nous rencontrons une personne merveilleuse, notre sage femme, qui nous accompagnera jusqu'au bout de cette grossesse et dans tes premiers instants.
Les jours passent ... ta venue approche ...
Fin février, tout est prêt, il ne manque plus que toi.
Les jours passent encore, aucuns signes de ta venue, et puis ...
le 18 mars, tu n'es toujours pas là, pas de contractions, pas de syndrome du ménage (on nous disait toujours : si tu fais ton ménage à fond, c'est que la naissance est proche !) ou plutot si mais c'était il y a 3 semaines !

Du coup, ma soeur qui vient d'arriver dans l'espoir de voir son neveux passe la soirée avec nous. On fait de la musique, on mange une pizza, bref, on oublierait presque que tu risques de pointer ton nez à peu près n'importe quand !

23H30 je commence à etre fatiguée, je vais m'allonger, j'attends que mon chéri (que je nommerai F) vienne me rejoindre.

Minuit, on s'endort plus vite que notre ombre.

2H30, une contraction, enfin je crois, c'est la première de toute ma grossesse ! Je réveille F qui dort profondément pour lui annoncer cette nouvelle étape de ma grossesse, je suis toute contente de cette nouvelle sensation !

On essaie de se rendormir, mon petit mari y parvient très vite mais moi je pense à toi petit homme en devenir, et me demande ce que tu ressens de l'intérieur. Nouvelle contraction. Déjà ? 10minutes à peine se sont écoulées.

J'essai de dormir, pas moyen. Les contractions reviennent  de plus en plus souvent. Cette fois, je crois que tu seras bientot là.

Je descends à la salle de bain, par l'échelle qui fait lieu d'escalier, je me cramponne bien, ce n'est pas le moment de tomber ! J'attends un peu et je remonte m'allonger, on m'a toujours dit qu'un premier accouchement prends du temps, alors pas de panique, ce n'est que le début.

Je m'allonge, mais là, ce n'est pas possible, il faut que je me lève. Je redescends, je remonte, je ne tiens plus en place ! Quel chantier dans la maison. Rien n'est rangé et le bébé va pointer son nez. Je réveille F pour qu'il m'aide à ranger un peu avant l'arrivée de la sage femme, j'ai un peu la honte quand même !

Mais patatras, il doit être 5H environ et la poche des eaux se rompt, il n'est plus question de rangement ni de quoi que ce soit, il faut appeler la sage femme.
"Je dépose les enfants au bus vers 6H et j'arrive" réponds t-elle à F. Moi je suis dans mon bain et je sers les dents de plus en plus souvent.

6H, les contractions sont de plus en plus longues et de plus en plus rapprochées, mais c'est un peu l'anarchie, une pendant une minute trente, 5 minutes de calme, une nouvelle sur une minute puis 3 minutes de calme.

Je veux qu'on appelle C, notre Chère sage femme.
F s'exécute très gentiment, elle lui répond qu'elle prend la route, il y a quand même une heure de route pour qu'elle arrive. Je suis confiante, tout se passe bien, je gère les contractions de mon mieux, j'essaie même un petit déjeuner, mais ca ne passe pas, tant pis !

Je me lève, je m'assois, le temps passe et toujours pas de C ...

7H30, elle devrait être là, que ce passe t-il ? Je souffle, je prends de grandes inspirations, je me calme, je me détends.

8H ... Mon père, qui habite la maison voisine déboule dans la maison et appelle mon mari. Mais que se passe t-il ?
Pas le temps d'y penser, une nouvelle contraction, bien forte celle là !

Et voilà F qui arrive dans la salle de bain l'air un peu inquiet. Que se passe t il ? C à eu un accident de voiture.
Comment va t elle ? Bien, elle a appelé chez mes parents pour les prévenir, mon père part la chercher.
Je reste calme, surtout, je reste calme, tout va bien se passer, il n'y a pas de raison.

8H30, une stagiaire qui suivait notre sage femme arrive, mais ou est C ? Je ne pose pas la question, elle va venir, j'en suis sûre.

E, la stagiaire, m'examine, je ne me souviens plus de ce qu'elle me dit, à part qu'il sera dans mes bras pour midi, je suis trop concentrée sur ces maudites contractions qui deviennent vraiment fortes et qui me rapprochent de mon bébé. Elle voudrait que je m'allonge ou que je me lève, mais moi je veux m'asseoir par terre, les jambes allongées, mauvaise position je sais mais y a que comme ça que je me sens bien. Elle écoute le coeur de mon fils, il est un peu rapide mais tout va bien.  

8H45, C arrive ! je suis soulagée, c'est pas que je n'ai pas confiance en E mais C a quand même plus d'expérience, elle m'a suivi durant la grossesse et j'ai confiance en elle.
Elle mexamine, je ne me souviens pas non plus de ce qu'elle dit à part "as tu envie de pousser ?". Oui, non, je sais pas. je sais plus trop. Respirer, je ne sais plus faire que ça. 

Elle écoute le coeur de mon bébé, et là, elle parait inquiète.
"Que se passe t il encore ?". Il va falloir pousser, il faut qu'il vienne ce petit, son coeur a ralenti, aller on y va.

Quelques contractions et elle écoute de nouveau le coeur de mon petit. Et la tout s'affole ...
F, va préparer la voiture, E, prepare la perf, et toi, petite maman en devenir, pousse, il faut aller vite.
"Que se passe t il ?". Son coeur est trop faible il souffre, on va mettre un produit pour accélérer les contractions.
Il n'en faut pas plus pour m'inquiéter, je pousse de toutes mes forces, je te parle dans ma tête petit homme, je veux que tu viennes vite, il le faut.

Quelques contractions de plus et on écoute se petit coeur, il a repris un rythme plus régulier, je souffle.
F est la, qui regarde, qui me tient la main. C souffle, ca va mieux, il est bien descendu, pas besoin de perf. Ouf, de toute facon, tout c'était arraché, comme dans une bataille pour que tu puisses naitre là, dans ta maison, près du feu et loin des hommes en blouse blanche, mais surtout que tu naisses en pleine santé.
Mais ce n'est pas encore gagné, tu n'es pas là, il ne faut pas se relacher. De toute façon les contractions sont toujours là, elles, et elles n'ont pas l'intention de faiblir.

F se place derrière moi, j'enroule mes mains autour de sa nuque, il me soutient et je rentre dans les contractions.
On ecoute encore son petit coeur, et là, nouvelle frayeur, ca ne va pas du tout. Pousse qu'elle me dit. mais j'ai pas de contraction, j y arrive pas. Pousse quand même! Vas y. Alors je pousse, de toutes mes forces. C'est dur. Ca fait mal. Mais il faut que tu sortes vite. Dans un élan de peur, je pousse de toutes mes forces, et la je peux sentir ton petit crâne tout mou. Mais il faut continuer. Vite.

9H35 tu es là, par terre, près du feu. Tu ne bouges pas. Je te vois. Je vois aussi C qui s'affole. Que se passe t il ?
Mon Bébé ... Qu est ce qu'il a ? mon bébé ...

F, donne moi une bassine d'eau très froide. Une d'eau chaude aussi.
E, l'oxygène. Et moi je suis là, je regarde tout ca et je ne vois que mon bébé qui ne bouge pas.
Mon bébé, je ne suis qu'un petit murmure supliant ...

C coupe le cordon immédiatement, le frictionne, le "jette" sur le canapé, le frictionne encore. L'aspire. Le frictionne.
L'eau arrive.
Plouf, dans le bain d'eau chaude.
Mon bébé ...
C jette mon petit garçon dans mes bras, je n'ai que le temps de l'attraper et plouf, une vague d'eau gelé nous innonde tous les deux.
Petite réaction de mon bébé, la tension retombe légèrement.
Une petite poussée et le placenta atterri dans son petit seau (il sera enterré au pied d'un arbre par la suite) puis je vais m'allonger près de mon bébé.

Il ne tête pas et fait de drôles de râles quand il respire. On le met sous oxygène. On attend un peu. Son papa lui met la tête en arrière pour qu'il respire mieux, et, en effet, c'est efficace. Comme il ne prend pas le sein, on lui donne un peu d'eau mielée. Si il ne reprend pas de forces, il faudra le transférer à l'hopital.

Le temps passe et son état semble s'améliorer, et nos Chers sages femmes vont se reposer de leurs émotions dans notre chambre. Nous, nous veillons notre petit homme, Elwan, qui semble dormir paisiblement.
13H, il respire mieux, il n'ira pas à l'hopital ! Nous sommes tous très heureux, c'est un merveilleux cadeau.
Quand à C, elle a quand même le nez cassé, et personne ne s'en était rendu compte tellement tout est allé vite !

Voilà notre histoire, un moment merveilleux et inoubliable. Merci à C et à E qui ont été merveilleuses et sans qui cette naissance n'aurait pu avoir lieu.

J'espere ne pas avoir été trop longue, mais ce moment unique ne pouvait etre raccourci d'avantage !

Commentaires

  • Nono Merci pour ce beau récit. Plus de peur que de mal, heureusement. J'imagine l'émotion de voir son bébé qui ne bouge pas. Ta sage femme a été vraiment géniale. Quel sang froid! C'est une belle naissance.
    il y a environ 11 ans
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