Il est né le divin enfant

postée
\ Accouchement du 08 mars 2008
t Durée : 12 heures
A

Récit rédigé 9 mois 1/2 après la naissance de mon fils.

J’avais préparé un projet de naissance, qui disait que dans la mesure du possible je ne souhaitais pas de péridurale, que je ne voulais pas de perfusion caca beurk, ni être entravée sur mon lit pendant le travail, que je voulais pouvoir choisir la position dans laquelle j’allais accoucher, bref, tout un tas de souhaits que j’avais besoin de formaliser par écrit et qu’il était important pour moi que le corps médical lise et accepte.

 Je n’ai finalement jamais versé ce projet à mon dossier, car j’ai senti que mes volontés étaient entendues par l’équipe au cours du suivi de ma grossesse.

Le Crapaud, jusqu’au jour J avait décidé qu’il ne nous montrerait pas sa tête en 1er.

 J’ai accepté (mais on ne m’y reprendrait plus une seconde fois) une tentative de version manuelle au cours de laquelle mon médecin a pressé mon gros ventre dans tous les sens pour essayer de faire tourner le bébé récalcitrant. Non concluant. Et douloureux. Et inregardable. Demandez au futur Papa.

J’ai aussi testé l’ostéopathie, bien plus douce, qui n’a toutefois pas eu plus d’effet.

 Hé bien soit, j’ai le bassin large, je mettrais au monde ce bébé par voie basse quand même, il n’y a pas de raison !

Pour un bébé en siège décomplété toutefois, le corps médical considère que l’accouchement est plus risqué, et je me suis donc vue proposer un déclenchement, pour être sûre que mon médecin, la pédiatre, l’anesthésiste, son assistant, les puéricutrices et les internes en formation soient présent en cas de problème (mais surtout, pour assister au spectacle car une voie basse en siège c’est quelque chose, oui madame !).

L’idée de provoquer la venue au monde de mon bébé ne m’enchantais pas des masses, après tout la nature est bien faite, s’il reste encore dans mon ventre c’est qu’il n’est pas prêt à sortir, non ?

Mais au fil du temps j’ai commencé à me sentir rassurée par cette procédure qui m’assurait la présence de MON médecin, celle qui accouche des sièges par voie basse et qui ne t’envoie pas au bloc direc’.

Ma grosse trouille c’était de tomber un jour où elle n’était pas de garde, et que je sois prise en charge par cet odieux gynéco qui m’a tant malmenée lors d’un RV de suivi, médecin pro-césarienne of course.

Après avoir été repoussé 1 fois car mon col n’était pas favorable, RV est pris pour le 10 mars. A ce moment là les choses changent, c’est vraiment étrange de connaître la date de son accouchement ! Ca rajoute de la pression évidemment.

Mais vendredi 7 mars vers 19h, je perds les eaux.

Lorsque nous arrivons à la maternité, malheur, mon médecin n’est pas de garde, et celui qui l’est n’est apparemment pas pro voie basse pour un siège. Heureusement j’ai emmené les radios de mon bassin pour prouver qu’il est suffisamment large pour laisser descendre un crapaud et ma volonté farouche de ne pas passer sur la table d’opération illico presto aura raison de ses réticences.

Pour un siège c’est péridurale obligatoire.

J’ai commencé à avoir des contractions 2h après la perte des eaux environ. Elles étaient douloureuses mais gérables. N’empêche, quand l’anesthésiste est arrivée, je lui ai fait le plus beau dos rond qu’elle avait jamais vu pour ensuite me bidonner à chaque fois que je voyais passer une contraction sur le monitoring parce que je ne LA SENTAIS PAS !!!

Le « travail » comme on dit, a duré longtemps, toute la nuit, jusqu’au plus si petit matin du 8 mars. A 8h30, mon col est complètement dilaté effacé ou je ne sais plus comment on dit et j’entre dans cette phase assez ésotérique durant laquelle plus rien d’autre n’existe que le rythme de mon corps qui travaille à expulser le fruit de mes entrailles. Je n’ai que le souvenir de m’être gérée toute seule, même si je sais que c’est faux, je ne me souviens que vaguement des 8 ou 10 personnes qui étaient tout à coup présentes dans la pièce (en règle générale il n’y a que la sage femme et l’auxiliaire de puériculture hein…), je ne me rappelle même plus des mots, de la main, du regard de mon mari, je suis une vague, je suis la marée, je suis sourde et aveugle.

Et soudain, tout s’arrête, je reconnais le Professeur Ch. aux côtés du médecin de garde, il le relève. Je me sens rassurée, il accouche des voies basses en siège aussi lui, quelle chance !

Mais en fait non, j’entends « on arrête tout ».

En moins de temps qu’il ne m’en a fallu pour ouvrir la bouche et protester je me suis sentie entraînée vers une salle d’opération, seule, sans mon mari, sans explication.

Quoi ? Alors qu’on voyait son cucu, alors qu’on y était presque, qu’il ne me restait plus qu’une ou deux poussées à faire, on m’emmène au bloc ???

J’ai pleuré durant toute la demi-heure qu’a duré la césarienne, les bras en croix derrière le rideau bleu, malgré les paroles apaisantes de l’assistant anesthésiste qui m’expliquait tout, et me tenait la main.

Je n’ai pas entendu mon fils crier, mais son père oui. 

Une auxiliaire de puériculture est venue me présenter Arthur tout propre, avec petit chapeau et serviette bleue, elle a approché son visage du mien, en tête bêche car je faisais toujours l’étoile de mer sur la table. Je pleurais toujours, mais je joie cette fois, mon fils était beau, et il a planté un regard magique dans le mien.

J’ai eu de la chance, dès que j’ai été recousue, enfin, agrafée, j’ai pu retrouver mon bébé sans passer par la case salle de réa où j’aurais été séparée de lui pendant encore 2h.

Je me suis remise très vite, je suis rentrée chez nous au bout de 3 jours, en bénéficiant d’une HAD (hospitalisation à domicile) le 4e jour.

Mon accouchement ne s’est pas du tout déroulé comme je l’avais rêvé. Mais comme on le dit toutes une fois que c’est passé, ma foi, tant pis.

Avec un bémol tout de même : ceci est vrai quelques mois après uniquement. Sur le coup c’est archi faux, sur le coup on n’a pas envie de s’entendre dire que l’essentiel est que bébé soit là et en bonne santé. Non. L’accouchement fait partie de la naissance, du souvenir global, et il est donc important que ce moment ne soit pas minimisé par l’entourage.

Il ne faut pas minimiser la fierté qu’une mère ressent d’avoir réussi à mettre au monde son enfant. Il ne faut pas minimiser sa souffrance de ne pas avoir vécu son accouchement aussi bien qu'elle l'espérait.

Si je n’avais pas appris que mon fils avait le cordon enroulé autour du cou, que c’est pour cette raison que les versions n’avaient pas fonctionnées en amont, pour cette raison qu’il n’avait pas pu sortir par voie basse, j’aurais culpabilisé de l’avoir fait naître par césarienne.

Aujourd’hui le Crapaud a 9 mois et 22 jours. La cicatrice de la césarienne est encore très présente, mais plus que physiquement.

J’ai accouché de mon bébé. De mes mains j’ai mimé sur lui quelques jours plus tard le passage qu’il aurait emprunté par voie naturelle, et on s’est réconcilié avec notre naissance. C’est bon, c’est réglé, tout va bien.

http://crapaudstory.canalblog.com/archives/2008/12/

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379 pts

Commentaires

  • Nono Erreur de manip tout à l'heure et de récit en plus. Sorry. Merci d'être venue le partager sur cet espace. Je peux vraiment ressentir à travers ce que tu as ressenti. Tu t'es senti complètement perdre le contrôle alors que tout se passait bien. Je ne comprends pas pourquoi on t'a emmené au bloc. Arthur montrait-il des signes de détresse ? Ou toi ? Je ne comprends pas. Est-ce qu'il n'y pas moyen de protester dans ces situations ? De dire que non ? Ça m'énerve. Et je suis désolée pour toi ma belle. Il y a eu sur le site un récit par siège décomplèté par voie bassse ici : http://lesptitsmwana.com/recits-accouchements/extraordinaire. Comme toi, le jour de l'accouchement, la gynéco n'était pas présente. Mais elle eu la chance qu'on la laisse faire. Je ne minimiserai jamais la fierté de savoir ce qu'on ressent pendant l'accouchement et j'ai toujours eu jusqu'ici la chance de pouvoir pousser. Je te souhaite que ton accouchement futur vienne cicatriser définitivement tes blessures et que tu tournes la page. Merci merci pour ce récit plein d'émotions.
    il y a presque 12 ans
  • Lilou C'est vrai qu'il manque bcp de détails dans mon récit en fait :) le travail a en fait un peu trop duré pour qu'Arthur soit encore en sécurité si on continuait par voie basse. et puis comme dit il etait coincé par con cordon, il n'aurait pas pu descendre de toutes facons. Je me suis sentie perdue car a ce moment j'étais en plein portée par le rythme des contactions et j'ai eu l'impression d'etre coupée dans mon élan et surtout j'étais déconnectée de ce qui se passait autour de moi, dc je n'avais rien suivi de leurs délibérations !!! Je me souhaite aussi un accouchement naturel cette fois ci, mais je stresse bien plus que pour le 1er, sachant tout ce que je sais mnt ;)
    il y a presque 12 ans
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