Et de deux!

postée
\ Accouchement du 19 mars 2008
t Durée : 15 heures
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Allez, à mon tour de déposer en ce coin de toile, ce jour où de deux nous passâmes à 4. Me voilà bien en peine pour un titre à donner à ce récit, temps de travail, 15h, au CHU, catégories à cocher.... toutes sauf une, la césarienne et un NB pour la 6ème puisqu'il s'agissait en fait de spatules. On peut commencer? Alors.... en fait, facile, j'avais déjà fait ce récit sur mon coin de toile une dizaine de jours après leur naissance alors je vais juste copier-coller et apporter quelques modifs ici et là, certaines choses qui me reviendraient avec le temps ou dont ma perception aurait changé 4 ans après.

Lundi 17 mars 2008 : 38SA + 3 jours visite de contrôle car au CHU on considère le terme "jumeaux" dépassé de 3 jours.  La sage femme vue quelques jours plus tôt était certaine que je ne "passerai pas le week end" On me garde la journée, la petite ferait de la tachycardie. En fin de journée, la sage femme réalise un décollement des menbranes pour favoriser un déclenchement "naturel" et me dit "Bon vous ne dormirez pas à la maison. On vous garde. ça arrivera peut être cette nuit avec le décollement, sinon on verra demain pour un coup de pouce déclenchement accouchement"

Petite nuit. Pressentiment que cette dernière nuit accordée "à la nature" ne serait pas la bonne. Rien ne se passe.

Le lendemain, mardi 17 mars,  à 9H coup de pouce avec un gel qui en effet engendre des contractions de plus en plus fortes. Je constate leur régularité sur la courbe du monito posé de 10h à 14h mais pour moi la "douleur" est stable sans pics ni relâche... et fatigante à la longue. Je pensais pouvoir compter sur les "entre deux" pour récupérer de la douleur, mais non, et ce sera ainsi jusque 18h.

De 14h à 16h je peux déambuler, m'aider du ballon et pratiquer les techniques de yoga pratiquée pendant la grossesse.

16h30 le col n'a pas franchement progressé. On descend en salle d'accouchement où nous attend une jeune équipe très sympathique mais cela ne diminue en rien la douleur. Elles constatent les contractions et me félicite pour mon calme et mon courage (suis trop fière là)

Enfin 18h arrive l'anesthésiste. Je redoute les piqures mais je ne cherche pas l'aiguille des yeux et après toutes les prises de sang de la grossesse (pas immunisée toxo), c'est l'histoire de quelques secondes. Et bien non. A cause de ma scoliose et de ma cambrure elle doit s'y prendre à 5 ou 6 reprises et me voilà toute crispée, ce qui n'arrange rien. J'ai sur le moment peur de ne pas pouvoir avoir la piqure magique et puis finalement on y arrive. Après que j'ai renversé le plateau stérile alors que je m'aidais de mes mains pour changer de position à sa demande. Angoisse...mais j'ai un plaisir immense une fois la péri lancée, après 8H de contractions, à voir leurs courbes sur le monito sans le ressentir avec la violence passée.

De 18h à 23h, on m'injecte un autre produit qui intensifie les contractions et le col progresse bien sans que je souffre, moment le plus zen de ce déclenchement.

La sage femme perce la poche des eaux. C'est la vie qui arrive. Je me sens bien. On parle de "présentation de la tête" mais tout le monde est calme.

23h on peut passer au bloc opératoire "au cas où - parce que jumeaux" .Monsieur reste finalement, il enfile blouse et bonnet. On lui a mis un badge qui le désigne: "Papa". La nouvelle équipe de sages femmes préfére la technique du "inspirez / bloquez / poussez / soufflez" ce qui va à l'encontre de ma préparation yoga, mais je les écoute.

23h30 je ressens à nouveaux des douleurs de contractions. Je le signale et on dose la péri de manière à ce que je  ressente les choses assez pour aide le passage du bébé. On répète la technique avant que le reste de l'équipe n'entre en scène. Ils sont nombreux là dedans, double équipe pour l'arrivée de deux bébés, et puis les étudiants qui les accompagnent (de toute façon la table du bloc est étroite et toute plane, je ne vois personne.)

Anesthésiste et gynéco, grands manitous de la médecine qui semblent mépriser les sages femmes, nous tournent autour et s'impatientent.

On a passé les douze coups de minuit. C'est déjà mercredi 18 mars.  Quand les vraies poussées commenceront, on me dit qu'on aura 20 minutes pour que bébé arrive, après ça se complique. Minuit est passé. Mes poussées sont veines. Je n'y arrive pas. J'entends que la tête de bébé ne se présente pas correctement, il regarde vers le haut au lieu du bas. Ils vérifient par écho et puis ils parlent de tranverse ou de travers ou je ne sais plus.

C'est l'épisio, les spatules, la douleur et la panique. Le gynéco me crie presque en colère ou en tous cas je le ressens comme ça "mais pousser madame, c'est pas pour moi hein, pousser pour votre fils au moins!" Je me sens impuissante, dépossédée du moment, mais très vite notre garçon est là. 3,390. Il est accompagné par son papa dans une autre salle avec l'équipe des pédiatres. Tellement dépassée, je ne suis pas sûre de me souvenir vraiment de l'Instant tant attendu où enfin je le voyais pour la première fois, peut être ai-je fini par m'inventer cette image là.

L'accouchement n'est pas terminé pour autant. Sa soeur se présente toujours en siège. L'interne de gynécologie va la chercher par les pieds "ah je n'ai qu'un pied, elle m'attrape la main, ah j'ai les deux pieds" (oui tout ça en live dans mon ventre) j'ai dépassé la panique, je suis dépassée, impuissante et déçue de moi. On me dépose L. sur le ventre, elle ne pleure pas, elle contemple déjà. Et puis la voilà déjà emportée dans une autre salle. Elle est si menue avec son kilo d'écart (2,250), ses 45 cm comparés aux 51cm du frère. Comme tout semble plus compliqué qu'anticipé, il faudra aussi une révision utérine pour les placentas et le long ouvrage de "couture".

Ce n'est pas la naissance que j'avais anticipée. Je ne l'avais pas crainte. Je l'avais attendue. J'ai l'impression d'avoir raté mon rendez vous avec eux. Et c'est un moment que je redouterai à présent si un autre bébé venait rejoindre la famille.

Un heure après leur naissance on me place sous surveillance dans une salle. Le papa arrive avec nos petits et la rencontre magique se fait. Déjà leur petites bouches cherchent le lien. Bienvenue et pleurs de joie. On se cherche l'un l'autre dans leurs traits. C'est la première mise au sein des deux petits choux (allaitement réussi jusqu'à leur un an où tous deux décidèrent le même jour d'arrêter)  A 4h je serai de retour dans ma chambre avec enfin un bon petit déjeuner et à boire tant que je veux. C'est dur pour les gourmandes de rester à jeun 28 heures! Si je pense à ma bouche, alors tout va bien. Et j'ai mes deux bébés plein de santé à mes côté pour notre première petite nuit. Les premières heures toutes calmes. On les regarde et c'est le miracle de la vie, le reste, on oublie. Et le corps se remet tellement vite. Ce n'est pas l'impression que j'en ai eu dans les premières 24h où j'avais du mal à quitter le lit mais bien vite après tout va et la bulle de joie gonfle dans le petite cocon de la maternité entourés d'amour, de pensées amicales et d'encouragements.

Ils ont 4 ans aujourd'hui, déjà!

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342 pts

Commentaires

  • Nono Je ne connaissais pas la technique du "inspirez / bloquez / poussez / soufflez". À la relecture de ton récit, je ressens comme un sentiment d'échec de ta part, du fait de ne pas avoir pu pousser. Et j'arrive à comprendre ce sentiment, mais je voulais juste te dire que je ne trouve pas que soit un échec. Peut-être que cet échec est ressenti à cause de la façon dont tu avais idéalisé ton accouchement ? Mais non, il n'y a point d'échec, au contraire. Aussi, Il y avait peut de délicatesse je trouve. Le "mais pousser madame, c'est pas pour moi hein, pousser pour votre fils au moins!" est très mal venu, franchement. Je crois que je lui aurai gueulé dessus au médecin sérieusement. J'aimerai bien l'y voir... Ce moment ou on met les met pour aller chercher L. a dû être destabilisant c'est vrai. En tout cas, ça reste un beau moment je trouve, très intense avec un happy end! Merci d'avoir d'avoir partagé ton récit sur ce bout de toile.
    il y a plus de 11 ans
  • Nono Je voulais ajouter j'adore cette magnifique photo, ces cheveux. Ils étaient beaux!!! Et ils le sont restés ;-)
    il y a plus de 11 ans
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