Expérience fantatisque

Bébé était prévu pour le 17 avril 2012.
La veille, je lui dis qu'il est attendu demain, qu'on est prêt à l'accueillir, qu'il est le bienvenu.
Le 17 avril, 6h du matin, son papa se lève pour aller travailler et je répète à bébé que c'est le jour J annoncé, qu'il peut arriver quand il veut (ben oui, s'il voulait encore rester un peu au chaud, ça ne me dérangeait pas!). A 6h30, son papa est parti pour le travail et je ressens ma première contraction. La deuxième ne tarde pas, elle survient tout juste 5 minutes après la première. Etant hypersensible et ayant ressenti beaucoup de contractions durant la grossesse, je ne m'alarme pas et surveille l'intervalle de ces dernières. A 7h, j'ai une petite perte de liquide, rien d'extraordinaire mais je me dis que ça y est, ce sera pour aujourd'hui car les contractions se répètent bien toutes les 5 minutes. J'appelle la maternité pour leur expliquer et ils me proposent de venir vérifier sur place ce qu'il se passe. Je tente de joindre le papa sur la route, son premier gsm encore éteint, son deuxième également. Non mais?! Aujourd'hui, c'était quand même bien LE jour de l'année pendant lequel il devait être joignable!
J'appelle ma belle-maman chez qui j'avais prévu de passer la journée et en l'attendant, j'en profite pour récurer la douche. CLICHE hein ? Au lieu d'attendre simplement, je préfère parfaire le ménage avant l'arrivée de bébé :) Dans l'heure, belle-maman arrive et me conduit dans la plus belle zenitude à l'hôpital. Sur place, vers 9h, ils me placent un monitoring qui ne signale aucune contraction. C'est pas facile à positionner ces bêtes-là! Pourtant, je peux vous garantir que toutes les 5 minutes, je sens bel et bien la douleur qui s'intensifie doucement au fil du temps. Vérification de l'ouverture: 1 cm seulement. On me propose la perfusion d'ocytocine et là, je me sens perdue. Je demande conseil à belle-maman qui me dit que la décision me revient. Etant plutôt du genre nature/bio, je n'en ai pas envie mais je n'arrive pas à dire non fermement, je me sens perdue. J'appelle donc le papa pour le prévenir que nous sommes à la clinique, qu'il peut quitter son bureau et ne plus y retourner avant la naissance même si bébé n'arrive pas aujourd'hui. J'ai besoin de lui à mes côtés.
Papa arrive, vers 11h, belle-maman repart, me voilà déjà plus rassurée. Je ressens toujours des contractions à intervalles réguliers mais le monitoring ne montre toujours pas grand chose Grrr. Je m'installe sur un ballon quelques minutes, marche, retrouve le ballon... L'ouverture ne s'élargit pas, on me représente une perfusion d'ocytocine que je refuse à nouveau. On me propose alors d'aller marcher pendant une bonne heure, en évitant l'ascenseur privilégiant l'escalier dans le but de faire descendre bébé. Nous sortons donc nous promener dans notre ancien village (nous avons fait construire et avons déménagé durant ma grossesse) pendant 1h. Le temps est agréable en cette matinée d'avril, le soleil brille à point, ni trop ni trop peu. La balade est plutôt bonne malgré des contractions toujours régulières. C'est le dernier quart qui est vraiment pénible, sans compter la remontée à la maternité par les escaliers! Et pourtant, de retour en salle d'accouchement, rien n'a bougé, il n'y a toujours qu'un centimètre d'ouverture. Une seule chose est à signaler: le monitoring montre enfin toutes mes contractions :) Les sages-femmes me proposent une dernière fois l'ocytocine que je refuse encore et me signalent que dans ce cas, elles n'ont pas de raison de me garder en salle car le travail n'a pas réellement commencé. Elles me proposent de rentrer à la maison, au risque de n'avoir le temps de faire que l'aller-retour car les contractions peuvent se rapprocher à tout moment. J'accepte avec joie de retrouver mon nid, même si ce n'est que pour une minute ou une heure.
Revenus à la maison, vers 14h, nous en profitons pour nous reposer mon mari et moi, après avoir bien vérifié que tout était prêt pour repartir à l'hôpital, sans oublier PC et imprimante pour réaliser la dernière partie du faire-part quand bébé sera né: le texte sur papier velum à insérer dans sa carte de carton décorée et tamponnée, tout fait main. Qu'est-ce que je me sens bien dans mon intérieur! Je comprends, à ce moment, les mamans qui désirent accoucher à domicile. J'arrive même à m'endormir dans mon lit mais je suis réveillée à chaque fois par les contractions toujours calculée à 5 minutes d'intervalle. Quelques heures passent, la douleur s'intensifie toujours un peu. Toutes les 5 minutes, je souffle, lentement. N'ayant pas encore de bain installé dans notre nouvelle construction, juste une double douche, je savais que je pouvais passer chez mes beaux-parents si besoin. Nous partons donc leur rendre visite vers 21h. Je me plonge dans la baignoire et tente de me reposer encore quelques instants. La douleur devient plus forte. Je dis au papa qu'il faudrait peut-être se rendre à la maternité sous peu mais je n'ai plus envie de bouger. Lentement, je tente de m'extirper de ce petit bassin. Il me faudra en tout plus de trente minutes pour y arriver et m'habiller. Nous redescendons au salon où je me traîne dans le divan si confortable. Mon mari me presse un peu, je lui réponds que nous irons en voiture "quand je n'aurai plus mal". Belle-maman rigole et répond que si j'attends de ne plus avoir mal, j'accoucherai dans son salon (on en rit encore aujourd'hui, presque 2 ans après). Peu après 23h, nous voilà donc en chemin vers la clinique.
Entrée par les urgences à cette heure tardive, il était presque minuit, je suis reçue par une sage-femme très douce. Quelle chance j'ai: je suis la seule patiente et j'arrive à la tombée de la nuit, comme espéré, moi qui aime le calme, le noir. Elle me demande si je souhaite une péridurale. Le matin, je disais "peut-être", à ce moment-là, après 17h de contractions toutes les 5 minutes, j'ai répondu OUI! Bien que j'appréhende légèrement l'aiguille, le produit, les risques... de nature hypersensible, j'en ai besoin. Malgré les heures de contractions, l'ouverture n'est que de 3 centimètres à mon arrivée. C'est un anesthésiste sympathique qui vient s'occuper de moi. Dès les premiers mots, il met à l'aise, il rassure, il inspire confiance. Quelques heures passent et je m'étonne de la vitalité, du bien être ressentis que je pensais impossibles en ces circonstances. A chaque fois que les contractions se font sentir à nouveau, j'appelle la sage-femme qui vient me redonner une dose de péridurale. Mais le produit me paraît de moins en moins agissant et le travail ne semble pas très efficace, je n'ai que 5 centimètre d'ouverture à présent. Allez, finalement, une petite dose d'ocytocine? NON! Alors on va percer la poche des eaux... Ok :/
Poche des eaux percées, la douleur s'amplifie, les doses de péridurale font de moins en moins d'effet. Je commence à souffrir, pour de vrai. Et là, la belle histoire prend un autre sens (pour peu de temps, je vous rassure tout de suite). Je me sens mal, je dois vomir. Je ne sais plus dans quelle position me coucher, je suis mal, je VAIS vomir. Et... je vomis de douleur. Mon mari me parle, je n'ai plus la force de répondre, juste de "grogner". J'ai l'impression que la souffrance s'atténue quand je "grogne". Alors, au risque de paraître bête, je laisse ma voix geindre en me demandant sérieusement comment je vais faire pour l'étape finale si je suis déjà dans cet état maintenant. Je vomis à nouveau. La sage-femme propose de rappeler l'anesthésiste OUF ça devrait aller. Celui-ci arrive, surveille la feuille de péridurale et m'apprend que je n'ai pas eu assez de doses ... Ben oui, le temps de ressentir les contractions, d'appeler la sage-femme, qu'elle arrive, qu'elle m'administre la dose et que celle-ci fasse effet, il y a à chaque fois une peu (trop?) de temps qui passe. Allez madame, on va vous mettre une double dose. Cela va me permettre de me reposer pendant 1h30. Il est environ 7h, le soleil se lève doucement, l'ouverture s'élargit bien. Je me rendors, je ne sens plus rien.
Vers 8h30, la sage-femme repasse, je vais bien, j'ai 10 centimètre d'ouverture. Elle appelle un gynécologue, la mienne étant en consultation ailleurs, cela ne me préoccupe guère. Au moment de lever les jambes sur l'étrier: impossible. Ma double dose de péridurale m'a trop endormie. C'est donc la sage-femme qui me les place. Elle m'annonce qu'à la prochaine contraction, je dois pousser. "Vous pourrez me prévenir grâce au monitoring car là, je ne sens plus rien?" "Oui oui. Prête? Poussez!" Et je pousse sans rien sentir, juste une pression dans la tête. Et le gynécologue m'encourage joyeusement "Oui madame, poussez, oui, c'est bien, oui, encore un peu, oui!" Euh... Il va me faire ça pendant une heure lui? J'ai pas vraiment l'impression de faire grand chose là moi. Et pourtant! A la troisième contraction, il me propose de venir toucher la tête de bébé et à la cinquième, bébé est dehors :) Nous sommes le 18 avril 2012, il est 9h05.
WAOUW quelle rapidité pour cette partie! Le placenta a suivi en une seule contraction. Bébé quitte à peine son nid bien chaud que le gynécologue me demande de le tirer vers moi, sur mon ventre. Cette petite chose toute rouge/mauve/bordeaux gluante, c'est mon bébé. Il est là, je pouvais le sentir, je peux maintenant le voir, l'admirer. Quelle sensation bizarre. Un petit être sorti de mon corps. On va apprendre à se connaître, à s'aimer. Car on a beau avoir passé 9 mois "ensemble", tout ça prend du temps. Tout le monde n'est pas fou de son bébé à la seconde où il est né. En peau à peau, il arrive rapidement à boire un peu de lait. Je le regarde, regarde son papa qui le regarde... Moment exceptionnel quand même, jusqu'à revoir l'assistant en train de travailler entre mes jambes depuis un certain temps et casser la magie du moment en demandant ce qu'il se passe. Il me recoud car j'ai eu une épisiotomie. Ah? Même pas vu/entendu/senti ... Tant mieux. Mais ... "Il y a eu quoi comme boucherie pour que ça prenne temps de temps?" Une épisiotomie normale de 3-4 centimètres. Ok. Bref, un accouchement long (27 heures) mais (presque) parfait pour moi. Une cicatrice d'épisiotomie très "belle", à peine douloureuse, juste très inconfortable quelques jours. Et puis surtout, un beau bébé en pleine santé! Ayant toujours eu peur de l'expérience d'une grossesse et pire, d'un accouchement, j'en ressors changée, fière, heureuse. Cela vaut vraiment la peine d'être vécu. Je souhaite à chacune de vivre l'expérience aussi bien que la mienne, voire mieux :) Ensuite, les jours, les semaines, les mois ... sont source de bonheur et d'amour grandissant, au point d'atteindre des sommets de sentiments enivrants au fil du temps!


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