Accouchement de bébinou

Ne commencez la lecture de cet article que si vous avez 15 bonnes minutes à y consacrer.
Même en essayant de compacter l'ensemble, ça reste assez long à lire !
Petit résumé des semaines précédentes :
Je suis enceinte de 38 sem et 2 jours ce vendredi 18 janvier à 00h. Il y a 2 jours j’ai vu mon gygy qui comme il y a déjà 6 semaines me dit que mon col est court et dilaté, que bb peut arriver n’importe quand. Cela fait donc 6 semaines qu’on est sur le qui-vive avec le papa. Maintenant qu’on a passé le stade des 37sem on se dit que ça serait le moment qu’il arrive ! En effet cette dernière semaine je me suis métamorphosée en bibendum tellement j’ai gonflé de partout ! Je ne rentre plus dans aucune paire de chaussures, mes doigts et mes chevilles ressemblent à des boudins et mon visage est tout enflé ! Bref je n’ai plus rien à voir avec la jolie femme enceinte et épanouie des magazines, celle qui te donne envie de la taper car la grossesse, à elle, lui va si bien !
La nuit précédente j’ai bien dormi, alors que depuis 4 mois je ne m’endormais que par intermittence, peut-être que mon corps se prépare à quelque chose dont je n’ai pas encore conscience…
2h15 : J’ouvre de grands yeux ronds, je viens de perdre les eaux ! Et quelles eaux ! Comme si je m’étais fait pipi dessus dans mon sommeil. Je m’approche du papa et lui dit : « Ca y est ! J’ai perdu les eaux ! » Il ouvre les yeux direct et me dit avec un ptit sourire « ok c’est parti alors » on se lève (et j’arrose le parquet par la même occasion !), et on se prépare. Sous la douche je regarde mon gros bidon qui disparaîtra dans quelques heures. Ai-je des regrets ? Aucun ! Je n’ai pas spécialement aimé être enceinte et je meurs d’envie de découvrir Bébinou ! Je passe un petit coup de fil à la mat’ juste pour qu’elles sachent qu’on arrivait d’ici 1h. On a bu un café, mangé un bout de brioche (enfin surtout moi sachant qu’après je n’aurais plus le droit de manger !) On se parle, l’ambiance est calme et détendue, on est content d’être sûr que notre petit bout sera là dans les 36 heures qui viennent, au maximum. Pas de fausse alerte, ni de faux départ. Je n’ai toujours pas de contractions, ça ne m’inquiète pas mais j’espère qu’elles se manifesterons d’ici peu… en effet suite à la rupture de la poche des eaux, le bébé n’est plus « protégé » et s’il ne vient pas tout seul il faudra le déclencher et j’ai peur que ça se passe mal !
Je me prépare ma bouillotte (remède de grand-mère certes mais la chaleur me ferais du bien en cas de fortes contractions sur le chemin !) pendant qu’Edo met les valise dans la voiture et la fait chauffer.
3h10 : On décolle ! Le papa roule à 70km. C’est sûr y’a pas d’urgence mais ne pourrais-tu pas te magner un peu ?? « Tranquille, c’est pas le moment de se planter » Il fait 4°C et la chaussée est humide, heureusement qu’on a pas eu droit à la big tempête de neige ! (oui on vit à la montagne alors on se voyait déjà appeler une ambulance ou les pompiers pour faire le trajet !) Je commence à ressentir les premières contractions, à chaque nouvelle vague je me remémore les respirations apprises la semaine précédente avec la sage-femme, tout est sous « contrôle »
3h30 : arrivée à la mat, le papa prend le sac de l’accouchement. On entre et je suis prise en charge par l’équipe de nuit. On m’installe directement dans la salle de travail n°2. On me demande d’aller faire un petit pipi dans un tube (je suis experte maintenant ! lol) puis on me mets une blouse. La dernière pesée indique 84Kg, je suis obèse !
4h : on m’installe sur la table pour m’ausculter, dilatation à 1, et confirmer la perte des eaux (comme si je n’avais pas perdu assez de liquide pour pouvoir m’être trompée ! )
La Sage-Femme de garde me branche le monitoring et ne me l’explique pas ! Du coup je vois de belles courbes qui tracent de superbes dessins incompréhensibles ! Mais j’entends battre le cœur de mon bb alors le reste je m’en moque un peu ! Avec l’aide de mon homme je change souvent de position, ça accélère le travail (parait-il !) L’infirmière vient me faire une prise de sang et installer la perfusion (quelle cochonnerie cette perf ! Ca m’a plus gêné qu’autre chose ce truc qui restait scotché à mon bras !) Malgré tout j’essaie de continuer à bouger un peu. le papa demande un gros ballon pour que je mets sous mes jambes afin de bouger mon bassin. Les contractions sont irrégulières mais ciblées au niveau des reins, je sens toujours mon bb bouger. Pour le moment tout va bien !
5h : Dilatation à 2. Je suis autorisée à me lever, avec l’aide du papa bien sur ! On se promène dans les couloirs bras dessus bras dessous, mon homme me tient ma perf. Pendant ce temps la SF me fait couler un bain (je suis une grande adoratrice des bains en fait ! )
15 min plus tard me voilà dans l’eau ! La chaleur m’apaise et calme les douleurs, je me sens bien, Le papa est assit près de moi et joue à la psp pendant que je gère mes contractions, entre 2 on papote. Elles deviennent de plus en plus rapprochées et douloureuses et là, sachant qu’il faut au moins 2h entre le moment où l’on demande la péri et le moment où elle commence à faire effet, je me dis que je ne vais pas trop tarder pour la demander ! Puis la SF me fait sortir de l’eau, avec Edo on continue de marcher dans les couloirs, je gère mieux la douleur en marchant.
6h : dilatation 3 (pfff c’est long !), l’anesthésiste est prévenu. Vu l’imminence de la chose, je conseil au papa de rentrer se reposer à la maison, il est fatigué et a faim. Il part vers 6h15. Il aurait pu dormir dans ma chambre à la mat mais le lit d’à coté est déjà occupé… dommage. Moi j’essaie de me relaxer un max et de me reposer. La psp diffuse une playlist des dernières chansons que j’aime dont « oh mother » de Christina Aguilera et « no one » d’Alicia Keys, je crois n’avoir écouté que ça pendant 10h !
7h : arrivée de l’anesthésiste, j’ai super mal mais je gère au mieux avec les respirations. Comme pour une opération en champs stérile, il y a beaucoup de préparation : blouse, masque, gants. Moi j’évite de regarder car rien que d'imaginer la taille de l’aiguille je suis morte de trouille ! Mais les contractions deviennent si fortes que j’attends désespérément ce « remède ». On me fait asseoir sur le bord du lit, les jambes en appui sur le marchepied. Je fais le dos rond et sens un peu la 1ere aiguille qui sert à anesthésier la zone et permettre la pose du tube. C’est désagréable mais la SF me prend les mains pour me rassurer, j’ai trouvé ce geste très touchant, elle a dû s’appercevoir à quel point j’étais flippée ! Une 1ere contraction arrive mais j’ai l’interdiction formelle de bouger, pas facile alors de garder le dos rond tout en respirant correctement ! Lorsqu’elle est finie, l’anesthésiste se prépare à piquer une seconde fois avec la grosse artillerie, je ne sens absolument rien (et c’est tant mieux !) à peine qu’on traficote dans mon dos. J’ai broyé les doigts de la SF, plus de peur que de mal en fait ! Puis il injecte le produit, je le sens descendre le long de ma colonne et là une douce chaleur se répand dans mes reins, je peux à nouveau respirer normalement..
je me recouche et la SF tamise la lumière pour que je puisse me reposer.
8h : changement d’équipe. Ma nouvelle SF, Isabelle, vient se présenter et vérifie la dilatation : 4 cm (si peu…?!) La psp continue de diffuser de la musique apaisante, j’ai un bandeau sur les yeux. Je suis fatiguée mais je n’arrive pas à m’endormir, trop excitée et un peu inquiète sur la lenteur de la dilatation. Heureusement je ne sens plus les douleurs…
9h30 : nouveau contrôle. Je suis dilatée à…4,5 cm ! Waouh ! C’est fou comme ça avance vite ! Isabelle m’explique le monitoring (ah quand même ! ), je surveille le rythme cardiaque et les mouvement de Bébinou ainsi que l’intensité des contractions. Elle décide de me mettre sous perfusion d’ocytocine, histoire de faire un peu avancer les choses !
10h30 : l’effet de la péri commence à se dissiper mais je n’ose pas appuyer sur la pompe prévue à cet effet pour me renvoyer une charge de produit, j’ai peur que cela compromette encore plus l’avancement du travail ! Mes jambes sont engourdies donc je n’ose pas trop bouger (c’est pas le moment de tomber ) et reste donc immobile. Je commence à trouver le temps long !
Nouveau contrôle, je suis dilatée à 5 ! Le papa revient à ce moment là. Il n’a pas réussi à se reposer alors il en a profité pour remettre une couche de peinture dans la chambre de bb ! Je le sens fatigué mais zen. Les contractions deviennent douloureuses, je décide d’envoyer une dose de produit. Je sens à nouveau le liquide descendre dans mon dos mais les contractions restent bien présentes. Grâce à l’aide du papa je peux enfin bouger un peu : assise sur le bord du lit, les pieds sur le gros ballon je me balance et me berce, ça m’aide à gérer les contractions. Je me remémore les conseils de la SF pendant les cours de prépa sur la respiration : inspirer à fond avec le ventre puis expulser l’air aussi avec le ventre bien lentement. Refaire ça une dizaine de fois pendant toute la durée de la contraction. Ca aide à passer au travers plutôt que de se laisser submerger par elle ! On se sent actif et non plus passif face à la douleur. A cause de la péri je n’ai plus le droit de me lever, alors sur mon lit je change souvent de position, un coup allongée, le gros ballon sous mes jambes, un coup assise au bord du lit, faisant « l’escalier » à l’aide du marchepied...
11h30 : Dilatation à « un bon » 6, le désespoir me gagne, pourquoi est-ce si long ?!
Mais maintenant j’épprouve de plus en plus cette fameuse irrésistible envie de pousser, c’est une sensation certes pas vraiment douloureuse mais terriblement désagréable !! C’est très fort comme sensation, comme si je n’étais pas allé à la selle depuis 15 jours ! Ca devient vraiment flippant à force, j’espère être dilatée à plus que 7 cm !
12h30 : Isabelle revient et m’annonce que je suis dilaté à …10 !! Ouf moi qui pensait souffrir dans le vent ! Elle me dit : « vous voulez essayer de pousser ?» moi : « heu…ouai pourquoi pas ! » Alors on se met en position et lorsque la prochaine contraction arrive…poussez, poussez, poussez, poussez ! Argh j’ai l’impression de tout faire de travers, de pousser dans le vide ! En fait je ne suis pas encore tout à fait prête (après 9 mois et 10h de travail, ça parait dingue non ?!), je n’ose pas pousser vraiment et suis gênée par l’expulsion en vrac de pipi, caca et reste de liquide amniotique ! Je sais que je suis ridicule mais à cet instant précis je me sens pudique ! Alors que je viens de passer les 10 dernières heures allongée, la nénétte à l’air devant des inconnus ! C’est vraiment le moment pour devenir pudique tiens !
Après 2/3 essais non concluants, la SF me dit qu’on va encore attendre un peu et me demande de pousser en son absence, histoire d’aider bb à descendre un peu. Elle repart, me revoilà seule avec le papa, mes jambes en coton et cette horrible envie de me faire exploser les intestins ! Pendant les contractions je n’ose pas pousser, je « bloque », trop la trouille que bb se pointe sans que la SF ne soit là ! Je perçoit nettement mes contractions mais pourtant elles ne sont pas douloureuses. En revanche l’envie de pousser est insupportable, je sens la tête de Bébinou qui appuie sur mes organes. A cause de la péri qui me fait les jambes en coton, il m’est impossible de me lever et de bouger. En plus cette pu--- de perfusion qui me déchire le bras… grrr
Moi qui rêvait d’accoucher à 4 pattes (oui je sais ça parait bizarre, mais je trouvais que c’était plus naturel qu’allongée comme une crêpe molle sur le dos, passive et inactive…) c’est plutôt mal barré !
Le papa essaie de me soutenir un maximum, il me parle, se montre compatissant et gentil.
13h : Isa est de retour, on retente une poussée…. pas vraiment plus efficace que la première !
14h15 : Elle revient à nouveau, cette fois avec l’auxiliaire de puériculture et là je comprend que c’est du sérieux ! Chacun trouve sa position : mon homme à ma droite, l’auxiliaire sur ma gauche et la SF devant moi. Là je les préviens qu’une contraction approche, je flippe à mort !
1ère série de poussées, on est sensé pousser au moins 3 fois sur toute la longueur de la contaction pour qu’elles soient bien efficaces. J’ignore pourquoi mais je décide de n’en faire que 2, plus longues et plus puissantes. Isabelle m’encourage avec des « oui ! c’est bien ! Super ! Comme ça oui ! » il parait que bb continue sa progression moi je ne sens rien, ça me décourage sévère ! Fin du premier round
Entre 2 ça papote autour de moi, le papa essaie de me détendre à coup de brumisateur dans la tronche, ça me dérange plus qu’autre chose mais je n’ose pas lui dire de peur de ne pas me contrôler et de lui hurler dessus ! J’écoute à peine ce qu’il me dit, je suis concentrée ! Il n’y a que moi, mon corps et mon bb que je dois expulser, rien d’autre ne compte en cet instant, le monde autour a comme disparu…
Je les préviens que la 2e contraction arrive, c’est reparti : inspirez et….poussez, poussez, poussez, poussez! Je crie, pas de douleur mais d’effort (je me prends pour Martina Hingins pendant une finale de Roland Garros !) Je reprend mon souffle et… poussez, poussez, poussez, poussez ! Cette fois je sens Bébinou descendre un peu… puis repartir aussitôt vers mon ventre à la fin des poussées ! Malgré les « bravo, c’est super vous poussez vraiment bien » et autres joyeusetés, je craque ! Je fond littéralement en larmes ! Je suis épuisée, j’en ai marre, j’ai l’impression que je n’y arriverais jamais ! Je me vois déjà partir au bloc pour une césarienne en urgence et j’en suis morte de trouille !
Le papa me prend la main et me rassure, l’auxiliaire me caresse le front en m’encourageant. Je redoute déjà la prochaine contraction qui s’annonce…
Et pour la 3e fois : poussez, poussez, poussez, poussez ! La SF me dit qu’elle voit la tête, c’est pas trop tôt ! Je reprend mon souffle et poussez, poussez, poussez, poussez ! Et hop il remonte, mais un peu moins que la fois précédente. Ca descend doucement mais ça descend ! Ils sont tous si gentils autour de moi, alors j’essaie de reprendre pied et de ne plus me laisser dominer par mes émotions ! Le papa me lance : « pense à tous les sushis que tu vas pouvoir avaler dès demain !!! » Là je souris, il m’a eu ! Les sushis c’est THE péché mignon, ça fait 9 mois que j’ai dû faire une croix dessus à cause des risques de listériose. Cette pensée me rebooste (aaah la bouffe et moi… !), je reprends confiance et pendant qu’ils discutent sushis autour de moi je les préviens de la 4e contraction et ….
Poussez, poussez, poussez, poussez ! Cette fois la tête avance bien, elle est presque dehors ! Je reprend mon souffle et poussez, poussez, poussez, poussez ! Ca y est la tête est dehors, le plus dur est fait parait-il ! Isabelle me dit d’arrêter de pousser, alors pour résister à l’envie toujours oppressant d’expulser ce bb, je résiste et reprend mon souffle par petits souffles saccadés. A ce moment là elle doit dégager le cordon ombilical qui s’est enroulé autour du cou de Bébinou et l’empêche de bien respirer. J’entends vaguement bb qui se met à pleurer et la SF demander au papa s’il veut couper le cordon, heu…moi j’ai juste les épaules de bb entre les jambes, c’est vraiment le moment de demander ce genre de trucs ? Je prie pour qu’elle se magne et me demande de pousser pour qu’il soit enfin dehors ! Le papa sous le choc lui dit non, ouf ! En 2 sec c’est coupé puis elle me donne le feu vert pour finir…une dernière petite poussée et là c’est le bonheur ! Je n’ai plus ce « truc » gênant entre les jambes, je ferme les yeux et essaie de reprendre mes esprits, j’entends à peine Bébinou dans le brouillard où je me trouve, Isabelle me lance « regardez votre bb madame, regarder-le », j’ouvre les yeux, prenant enfin conscience de ce qu’il vient de se passer..
Ca y est je l’ai fait, ON l’a fait ! On me pose un petit être pleurnichant sur la poitrine, enveloppé dans un petit linge pour pas qu’il n’attrape froid, Encore sous le choc j’ai un peu de mal à réaliser, les larmes me coulent sur les joues sans que je m’en aperçoive, je regarde le papa qui s’est assis tout près de nous, je repose les yeux sur Bébinou….
Voilà, il est 14h36 ce vendredi 18 janvier 2008, à cet instant je deviens maman. Un nouveau chapitre de ma vie commence, remplit de doutes et d’inquiétudes certes, mais aussi d’énormément d’amour et de bonheur…


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