Alice, histoire d'une naissance
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Pour ce bébé j'étais sure de moi. Je voulais un accouchement respecté, je voulais qu'on attende que le cordon cesse de battre pour le clamper, je ne voulais pas de péridurale... je voulais, je voulais... je n'ai pas eu... mais ma fille est auprès de moi, en bonne santé, et cela est, finalement, bien suffisant. J'ai mis plusieurs semaines à accepter l'arrivée de cette demoiselle, un peu en avance, un peu, beaucoup, trop violente et brutale...
Sinon Raphaël : mon faux grand, 2 ans et 3 mois, Philippe, mon mari :)
Alice, récit d’une naissance
Jeudi 1er mars. Je me lève de bonne humeur, pensant : 37 SA aujourd’hui, c’est tout bon, la princesse peut arriver quand elle le voudra maintenant, plus de risques pour elle.
Raphaël part jusqu’à dimanche chez Mamie, histoire que je souffle un peu avant l’arrivée de la puce.
Vendredi 2 mars. De 16h00 à 23h00, contractions régulières (5minutes) mais non douloureuses… Philippe et moi décidons de profiter de ces quelques jours à 2 pour aller manger au restaurant.
Samedi 3 mars. Matinée tranquille, à trainer. Dans l’après midi, je me mets un gros coup de pied aux fesses, pour nettoyer ma voiture, enlever les affaires qui trainent dedans et j’en profite pour installer la coque de la pucinette, en me disant que je serai moins tentée de mettre du bazar sur le siège arrière s’il est occupé. Vers 16h00 c’est fini, les copines se « moquent » de moi en me disant que j’ai l’air bien impatiente…
Je file prendre un bain chaud dont j’ai irrésistiblement besoin.
17h00 je sors du bain et je m’installe dans mon canapé, devant la télé. Je ressens quelques contractions, et une douleur qui s’installe dans le bas ventre… Ces contractions sont différentes de celles de la veille, et je m’enfonce dans les couvetures, me replie sur moi-même tout en discutant par sms avec une copine.
Je les trouve immédiatement assez rapprochées, et la douleur s’amplifie au fil des minutes. Je pense que c’est un faux travail, et j’attends qu’il s’arrête (croque croque spasfon).
18h00 Philippe me trouve dans le canapé, pas en forme, et me demande si ça va … oui oui, quelques contractions… il décide d’aller manger (bonne idée). Pour ma part, une légère nausée m’en coupe l’envie
19h00, toujours pareil… je repousse le moment de partir, ne le « sentant pas »…
19h30… je me dis ‘si à 20h00 c’est pareil on part, j’ai mal et c’est anarchique, ils me fileront un truc pour bloquer ça…’
20h00 pareil… allez tenons jusqu’à 20h30…
20h30 la douleur s’amplifie, je me dis qu’il faudrait penser à partir à la mater, que ce faux travail me tue et que si il ne s’arrête pas je vais pas dormir de la nuit… que si on part plus tard on va y passer la moitié de la nuit (etc etc)
Vers 21h00 je sonne à la maternité, je me présente, explique le soucis…
- (sage femme) bon ben on va faire un monito
j’ajoute que je ne pense pas que ce soit imminent, mais que des contractions si rapprochées depuis bientôt 4h00 ça méritait un contrôle à mon sens…
(A partir de là, je perds un peu le fil du temps, donc ce sera raconté comme cela s’est passé, sans notion d’heure)
On me demande d’uriner dans un gobelet. Je m’exécute. Examen, col à 2, assez long, assez tonique (dans ma tête +1 cm). Le bouchon muqueux ressort avec le gant de la SF.
On me place le monito, calme plat. Alors là ??? je me permets de faire remarquer que là, maintenant, tout de suite, yen a une belle et que le capteur plat à 12 ça me parait bizare, ou alors que je ne suis pas en train de faire une contraction (dans ma tête : et qu’il va me falloir un toubib pour une autre pathologie). La SF sourit, bouge le capteur et HOP ça monte. Effectivement, y en a une belle.
- Bon on enregistre ça une demi heure et on revient…
- OK
- Et je vous fait faire une prise de sang au cas où
- OK
Une demi heure plus tard, la SF entre, regarde le monito et fait la grimace…
- Ca vous brule quand vous faites pipi ?
- Non
- Vous êtes sure ?
- Oui
- Ca démange ?
- Non
- Au niveau vaginal rien à signaler, pas d’odeur etc ?
- Non.
- Sure ?
- OUI
- Non parce que ce que vous nous faites là c’est pas des contractions de travail. C’est trop court, et trop rapproché. C’est pas ça qui va faire avancer les choses.
- Ah
- Vous avez pris du spasfon ?
- Oui
- Vous êtes sure ?
- OUI
- Bon on va vous en donner un en suppo…
- Euh j’en ai pris 2x2 à la maison
- Vous inquietez pas vous pouvez pas le surdoser et ça bloquera pas le travail.
- Si vous voulez
L’autre SF revient avec le spasfon (excusez ma collègue elle fait une entrée. Pas de soucis, merci). Regarde le monito… me regarde… et moi
- Oui je sais c’est bizare, on dirait pas un travail..
- Oui c’est tout sauf des contractions de travail ça
Hop un suppo…
25 minutes après. Retour de ma SF
- Vous avez eu le suppo ?
- Oui
- Vous l’avez pris ?
- Oui
- Ah ben ça a rien changé (non non c’est pas comme si je venais d’en bouffer 4)
- Bon on va regarder le col…
- …
- 2cm larges, ramolli, raccourci.
- Ah ca bouge ?
- Ben faut croire …
- (vous êtes sure ?? ihihih)
Coup d’œil monito
- Oh, le rythme de votre bébé est élevé. (ça fait 1 semaines qu’à chaque monito la puce a un rythme basal trop élevé)
- Hum
- Je vais peut être appeler le médecin
- Ah
…
Euh sinon on va faire une analyse d’urine et un prélèvement vaginal, vous avez une infection, votre prise de sang est normale donc ça doit être en bas.
Retour SF :
- bon alors vos contractions elles sont bizarres, mais votre col bouge et le cœur de votre bébé c’est pas le top, donc votre bébé il nait ce soir, c’est sur. Après soit ça marche tout seul (ce qui m’ étonnerait) soit on doit aider…
- oui
- je vous appelle le médecin il vous explique
- ….
Médecin (contrarié… )
En apparté avec la SF (oui euh alors j’aimerai bien qu’on m’appelle pas alors que ça fait 5 minutes que je suis parti, anticipez un peu …)
- Bonjour madame je suis le gynecologue (là je commence à en avoir marre je vous le dis)… donc vos contractions elles sont pas normales (putain j’ai compris, et vous savez quoi elles me font mal …) et le cœur de votre bébé ça va pas. Donc vous êtes à 37 sa c’est bon elle peut arriver sans danger pour elle. Donc vous allez accoucher. On a 3 solutions pour vous aider :
o Une perf pour stimuler les contractions mais vous en avez déjà trop (oui dc c pas une option)
o Percer la poche et voir si ça arrange les choses
o Une césarienne
- Ok (oui vous avez tous remarqué je parle par mots moi)
- Donc on va laisser comme ça une demi heure et on vous revoit pour la poche
- OK. Euh j’ai mal dans le lit je peux faire du ballon me mettre debout ou …
- Non on capte pas le cœur de votre bébé correctement et là, faut qu’on le surveille, vraiment.
- Ah
Entre temps j’ai pu me mettre debout faire un pipi et je revis par rapport aux contractions qui devenaient totalement ingérables… je négocie le monito debout. La SF accepte… Une demi heure s’écoule à peu près
Re examen… col dilaté à 4 5 . La SF baraguouine quelque chose comme ‘faut percer, faut percer’
Départ en salle de naissance pour percer la poche…
On me prépare psychologiquement… bon alors on va vous mettre la sonde avant, comme ça au cas où on est prêts… (comprenez pour une césarienne)
La sage femme pose sa sonde. Sensation de brulure, assez désagréable au départ, puis, plus de douleur, juste le tuyau qui s’enfonce.
Et là elle perce la poche (en m’expliquant bien qu’elle va percer, qu’on surveille le cœur de puce…) Donc elle enfonce son « aiguille » en plastique (je l’avais pas du tout imaginé comme ça cet outil) et ça coule… chaud, visqueux, doux… elle regarde le monito, moi je panique que le liquide soit coloré… non liquide clair, et bébé qui supporte la manip. OUF
C’est à ce moment là que la sage femme m’explique que va falloir pousser très très fort pour sortir la petite, que si ça va pas pour elle ils vont être obligés d’agir car son cœur est toujours pas normal, au contraire, elle est de plus en plus tachycarde… Pendant ce temps les contractions se sont amplifiées, je ne gère plus la douleur + le stress, je commence à avoir très peur pour la puce.
Je demande la péridurale, je me dis que si jamais on doit m’ouvrir le périnée en 2 (et ça semble parti pour, ils ont mis le plateau avec les forceps etc à coté… prêts à agir…)… je le supporterais mieux. L’anesthésiste arrive, la SF commence à lui expliquer mon « cas » à voix basse, je tends l’oreille, et puis l’emmène dans le couloir pour finir ce qu’elle a lui dire. Le temps s’écoule lentement, très lentement. Je me dis que c’est « grave », que les choses sont en train de merder, qu’il y a un truc qu’on ne me dit pas. J’ai peur. J’ai mal. Je veux arrêter cet accouchement, rentrer à la maison, garder ma puce en sécurité, ou que ce soit terminé..
L’anesthésite pose la péri, très patient et doux, même si je n’arrive pas à faire le dos rond entre 2 contractions (c'est-à-dire, les 10 secondes par minute où ça ne fait pas mal)
La péri est posée, d’abord latéralisée, il ajuste en me faisant mettre sur le coté, et je ressens un endormissement de la douleur jusqu’en haut du périnée.
TV.
Toujours à 7.
Le rythme de la puce continue à faire n’importe quoi. Il faut « agir ». Le col DOIT se dilater, le bébé DOIT sortir (l’ombre de la césarienne resurgit). Je dois pousser pour effacer le col (hum, merci, peri)… Je pouuuuuuuuusse. Une fois, Deux fois, Trois fois. Je sens la tête qui s’engage, qui me comprime, vide mon gros intestin, j’en pleurerais, la sage femme me félicite en me disant de laisser faire, que mon bébé a besoin de la place, que c’est normal…. (humf)
TV : col à 10 tête engagée.
On repousse. Sur 3 ou 4 contractions. Je sens la puissance de l’avancée de ma fille, qui pousse déjà comme une championne toute seule, j’ai l’impression d’uniquement l’aider à faire son chemin. Je sens mon périnée qui s’ouvre, se tend, le fameux cercle de feu. Et puis la j’entends doucement - « le cordon » - fort NE POUSSEZ PAS.
Je retiens cette poussée, puissante, je serre tout ce que je peux. Et puis allez y, poussez. Je pouuuuuusse. Encore un coup, les épaules. C’est bon. Soufflez.
On pose ma fille sur mon ventre. Elle ne respire pas, ne bouge pas. On la frictionne. Elle rallouille… On l’emmene loin de moi. Je crie à Philippe de la suivre. VITE. Elle restera 15 minutes dans la salle de soin. 15 minutes où je ne l’entend pas ou peu pleurer. 15 minutes où on me dit de temps en temps ça va ça va. Le poids de naissance est annoncé. 2.950kg
15 minutes où je reste sur la table, tandis qu’on extrait le placenta de mon ventre, de mon corps qui ne contracte plus du tout…
Et puis ma puce arrive, avec un bonnet, des chaussons, une couche. On la glisse entre moi et une couveture, peau contre peau. On fait connaissance. Je ne peux pas trop bouger, entravée par le fil de la perfusion.
La lumière est tamisée dès que mes 3 points sont faits (l’ancienne épisiotomie a laché sur son début)…
Il faudra une heure et demi pour qu’elle cesse de protester, ralouiller, pleurer… qu’elle prenne le sein, et tète. Puis s’endorme sereine.
Au bout de 2h la puer passe, et me demande si je veux quelques instants de plus en peau à peau avec pucinette. OUI.
On nous laissera plus de 3h00 dans cette pièce, au milieu de la nuit, seules. Philippe est reparti à la maison, pour dormir un peu. La nuit s’annonce si douce maintenant.
On nous ramène en chambre, je refuse qu’Alice soit dans son berceau, je la garde dans mes bras sur mon fauteuil roulant. Je la pose un instant une fois dans la chambre, me lève seule et part faire mon pipi… sans aucun soucis.
Dans la nuit, quelques tranchées s’installent, elles disparaitront en 48h.
Les résultats de tous les examens complémentaires (prélèvement urinaire, vaginal, prélèvement gastrique d’Alice, et sa prise de sang) n’expliqueront pas mon hypercinésie utérine. Le sur lendemain matin, la sage femme a lâché avant que je sorte… vous savez, vous nous avez fait très peur quand même, on a certainement frolé une rupture utérine dans votre cas. En tout cas, vous restez un mystère, vous avez eu des contractions identiques à celle d’un accouchement déclenché avec une surdose médicamenteuse…

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