Mon accouchement sans péridurale (mais pas par choix!)

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\ Accouchement du 05 février 2014
t Durée : 9 heures et 30 minutes
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Il y a bientôt deux mois, j'ai accouché de mon premier bébé, et ce moment je l'ai appréhendé toute ma vie... évidemment rien ne s'est déroulé comme je l'imaginais...

Alors, on commence par le début, mon amoureux voulait un bébé, je voulais un bébé, oui mais voilà, la grossesse, l'accouchement, très peu pour moi! Ce n'était pas quelque chose que j'avais envie de vivre, je gère très mal la douleur, l'inconfort et je suis émétophobe, j'ai une peur panique de vomir alors passer trois mois aux toilettes, ce n'était pas vraiment l'idée que je me faisais du bonheur... Du coup j'ai mis un an et demi avant de me décider... mon mari a été bien patient... je me suis lancée là-dedans sans être vraiment prête mais je voulais être maman donc j'ai laissé la nature faire... et la nature m'a été douce, je suis tombée enceinte au bout de 4 mois, après ma première semaine de grossesse je n'avais plus cette vilaine angoisse parce que voilà, c'était fait, bébé était là donc je ne pouvais rien y faire... Et en fin de compte, j'ai eu une grossesse idéale, pas de nausées ni vomissements, pas trop de kilos en trop et juste le bonheur... j'ai adoré chaque seconde!

Je n'ai pas pensé à l'accouchement avant le 8ème mois, là j'ai commencé à angoisser sur ce qui pouvait se passer, la question de la péridurale ne se posait pas, je suis une grande douillette, il me la fallait absolument... j'avais juste très peur que ce soit long et que je gère mal la fatigue. Mais sur la fin j'avais trop hâte de voir ma fille, ça me permettait de moins angoisser.

Le mardi 4 février, c'est le jour de mon terme, je perds le bouchon muqueux mais mademoiselle a décidé de rester bien au chaud. Je me rend à l'hôpital à 18h pour le rdv du terme, pas de contractions, col court, mou, postérieur et ouvert presque à 1 doigt... bref c'est pas pour tout de suite... Retour à la maison, on mange, on dort (pour la dernière fois!).

Mercredi 5 février, 6h du matin, j'ouvre les yeux, j'ai envie de faire pipi (évidemment je suis enceinte!), je me lève, quelque chose coule... je ne panique pas, je vais aux toilettes, peut-être un reste de bouchon muqueux? ça coule à nouveau dans les toilettes, je prend une douche je change de sous-vêtements. ça coule encore. Je réveille mon amoureux qui ô joie ne travaille pas le mercredi: "Mon coeur, réveille-toi, va prendre une douche et un solide petit-déjeuner, la journée va être longue, je perds les eaux". Je ne panique pas du tout, je n'ai pas encore de contractions, mais je n'ai pas faim, je finis de préparer la valise, j'y mets la dernière touche. Mon mari est serein aussi, il prend le temps de se raser (chose qu'il ne fait jamais, c'est un gros barbu!), de se faire beau pour sa fille. J'appelle ma maman et mon papa, ils habitent à 2h30 de voiture de Lyon et c'est aussi leur premier petit-enfant, leurs valises de maternité sont dans le coffre de leurs voitures depuis 3 semaines! Ils tenaient à être là, même si il y avait peu de chance que le personnel de l'hôpital les laisse me voir. Je me suis bien renseignée, je sais que perdre les eaux mais ne pas avoir de contractions, ça veut dire que ça peut prendre du temps, je m'attends à une très longue journée, je ne pense pas voir ma fille avant tard dans la nuit.

Arrivée à l'hôpital, je me demande où est Laurette. C'est une sage-femme mais pas n'importe laquelle, c'est la mère du témoin de mon mari à notre mariage, mon mari la connais depuis 10 ans, il a passé quelques nuits sur son canapé à une période. C'est une femme rassurante, je l'aime beaucoup, j'ai choisi l'hôpital parce que c'est celui dans lequel elle travaille même si elle m'avait dit qu'elle ne m'accoucherait certainement pas parce qu'elle ne faisait plus que très peu d'accouchement et qu'elle avait un peu peur d'accoucher des proches. Mais ce matin, c'est elle qui vient m'ausculter, elle est excitée comme une puce!! Elle m'examine, je suis presque à trois, vraiment? je ne sens pourtant aucune contraction! Lorsqu'elle retire sa main, le reste de la poche des eaux se répand sur la table (la tête de mon mari!:priceless...). A ce momen-là, elle ne m'explique pas vraiment ce qu'il va se passer, je l'ai compris des mois après... mon liquide amniotique est jaunâtre, il est teinté. Je n'ai pas encore de contraction mais on ne peut pas attendre que le travail se déclenche seul. Il est 9h, on m'installe en salle de travail, on me donne un ballon, on me pose le cathéter et on me dit "on va mettre un petit quelque chose pour accélérer le travail", j'ai compris des mois plus tard qu'en fait c'était de l'ocytocyne et que j'étais en fait déclenchée! Avec mon homme on joue aux cartes, on écoute de la musique. Sur le monitoring, je vois des petits pics, des contractions, toutes les 10-15 minutes, c'est irrégulier, c'est espacé et je ne sens rien. A ce moment-là de la journée tout va bien, je suis épatée par mon propre calme... j'ai juste hâte de voir ma fille et je me répète que comme ma grossesse était idéale, il n'y avait pas de raison que l'accouchement ne le soit pas non plus. Je téléphone rapidement à ma soeur, mon mari va voir mes parents qui arrivent vers 11h en salle d'attente. Tout va bien. Laurette vient me voir vers midi et elle m'examine, je suis presque à 4 (bon ben, c'est pas gagné!). Elle me demande si je veux la péri, je lui dis pas tout de suite, je ne sens aucune douleur, je voudrais prendre la péridurale quand je ne gèrerais plus la douleur, parce que je veux faire avancer le travail le plus vite possible et j'ai entendu dire que la péridurale le ralentissait. Elle sort. Quinze minutes plus tard, j'appuyais frénétiquement sur le bouton pour qu'on vienne me la poser cette satané péridurale. Oui, vous avez bien lu. Quinze minutes.

Tout d''un coup, juste après le départ de Laurette, je sens une contraction, comme une vague de douleur chaude dans le bas de mon dos et de mon ventre, elle était forte! Elle a duré une minute, je reprend ma respiration et en voilà une autre, violente, longue, je respire, je m'accroche à mon mari, je ne comprend pas. Entre deux contractions je regarde le monitoring, Les pics sont immenses et longs, et très rapprochés j'ai des contractions d'une minute, toutes les deux minutes. Le temps que tout le monde arrive et s'installe, il est 12h30 et je suis épuisée, ces contractions m'ont lessivée!! J'ai hâte qu'on me pose la péridurale. La pose se fait sans problème (et dire qu'on s'en fait tout un foin!! C'est rien du tout en fait!). Laurette me parle avec sa voix toute douce, je me sens plutôt bien. On m'allonge, l'anésthésiste envoie quelques doses, les contractions se raccourcissent, elles s'espacent, je me sens mieux, je peux respirer un peu mieux, j'ai le droit à un peu de répit... pendant 10 minutes. Elles se rapprochent et redeviennent exactement comme avant la péri. L'anésthésiste est toujours là, elle me renvoie des doses, rien n'y fait, aucun changement. J'ai vraiment très mal. Laurette décide de m'examiner et me demande mes sensations, effectivement, le périnée semble anésthésié mais la zone au-dessus des hanches où j'ai les contractions ne l'est pas du tout. Il est 14h, je suis à 4. Tout ça pour ça, un demi-doigt, pff... Finalement, on décide de m'enlever la péridurale et de la reposer. Apparemment, j'ai trop transpiré, le cathéter est un peu ressorti, c'est pour ça qu'elle n'a pas bien marché, la deuxième devrait fonctionner! Mais c'est le même cirque: 10 minutes de répit et ça recommence, l'anésthésiste se tape la tête contre les murs! Moi je commence sérieusement à perdre patience, elle veut me mettre à plat pour que le produit voyage bien mais j'ai la nausée, je vomis. J'y ai échappé pendant toute ma grossesse et au dernier moment, je vomis! J'ai bien fait de ne pas prendre de petit-déjeuner... 

Il est 15h et je hurle, j'ai trop mal, je suis épuisée, je ne comprend pas comment en 3 heures les choses se sont accélérées comme ça!! Il faut trouver quelque chose, une autre anésthésie, parce que je ne suis qu'à quatre et j'ai envie de mourir. Laurette me demande si je veux essayer d'uriner, des fois ça aide pour la péridurale. Je lui dis que non, j'ai pas envie de faire pipi, et tout d'un coup ça me frappe! Non, je n'ai pas envie de faire pipi par contre...

"Laurette, j'ai envie de faire caca". Oui je l'ai dit comme ça. Je veux pousser. Elle me lance un regard attendri: "mais non, enfin ma chérie, c'est pas possible". Elle m'examine, elle relève la tête vers moi et me lance un regard étonné: "mais non! c'est pas possible". Je suis à 9. Je suis passée de 4 à 9 en une heure et deux péridurales. C'est à n'y rien comprendre.

Comme j'ai bien potassé, je sais que maintenant, question anésthésie, c'est mort. On ne peut plus rien pour moi. Je vais devoir accoucher à l'ancienne. C'est la seule possibilité que je n'avais PAS envisagée. Je suis en panique totale, je ne peux pas, je ne veux pas. De toutes façons, j'en veux plus de ce bébé maintenant, je veux juste qu'on m'achève, que vous trouviez une solution pour que ça s'arrête. Laurette est merveilleuse, elle garde son calme, elle me parle doucement. C'est bientôt fini, ça va aller vite. Elle me fait une petite séance d'hypnose improvisée, ça marche. Pas contre la douleur évidemment, mais ça me permet de reprendre mon calme, et quelques forces entre chaque contraction. Pendant ce temps, ça s'installe, ça s'agite.

Je voulais accoucher sur le côté mais les contractions sont pires dans cette position, tant pis ce sera position gynécologique. Je rêvais d'accoucher sur le côté, les yeux dans les yeux de mon homme et dans le calme. J'ai hurlé à la mort, j'ai du effrayer toutes les futures mamans dans les salles de travail à côté, j'ai complètement zappé mon homme. Mon père m'a entendu hurler depuis la salle d'attente. Mais au moins, j'ai bien poussé, sur 4 contractions, elle est sortie en moins de 10 minutes, sans forceps, sans ventouses, sans épisiotomie, à peine une mini-déchirure. J'ai cru pourtant que je n'y arriverais pas. Laurette me dit qu'elle voit des cheveux et qu'ils sont blonds, elle me demande si je veux toucher (non! je veux juste que tu la sortes de là!!) et puis elle me dit qu'elle peut presque attraper la tête, une dernière poussée et elle la sort. Je ne sais pas pourquoi, j'étais persuadée qu'après avoir dégagé la tête, il aurait fallu que je pousse encore une fois pour sortir les épaules. Donc quand elle me dit ça, dans ma tête je pense: c'est l'avant-dernière et après c'est enfin fini. Je pousse avec tout ce j'ai et Laurette me dit: "Ouvre les yeux! Tend les bras!!". J'ouvre les yeux et à ma grande surprise je vois un bébé qui vole vers moi, elle atterit sur mon ventre, petit corps tout chaud et tout humide. Elle pousse deux petits cris et je ressers mes bras autour d'elle, elle se calme tout de suite et ouvre ses jolis yeux en amande, les yeux de son papa. Je me rappelle qu'il est là je me tourne vers lui et il est aussi surpris que moi. Oui, on avait l'air surpris, pourtant on le savait, 9 mois et un accouchement pour en arriver là, on savait qu'on allait avoir un bébé et pourtant... Je m'attendais à un petit truc tout fripé recouvert de substances visqueuses, j'ai eu un joli bébé tout rose et juste un peu mouillé... Et surtout, toute la douleur a disparu d'un coup, je n'ai plus rien senti, Laurette m'a prévenu qu'elle sortait le placenta, qu'elle faisait des points... je n'ai rien senti, j'étais en admiration devant mon bébé en peau à peau qui têtait déjà. Le plus beau moment de ma vie. Finalement, c'est bien Laurette qui m'a accouché, bizarrement ils étaient débordés ce jour-là donc ils avaient besoin d'aide et moi j'avais besoin d'elle. Je suis tellement heureuse que ce soit elle qui m'ait accouché. En plus comme je le vois de temps en temps, dans quelques années, quand elle sera grande on pourra lui (re) présenter Laurette: c'est la première personne que tu as rencontré...

Angie, 50.5 cm, 3,680 kg, est née ce mercredi 5 février 2014 à 15h36 après 9h30 de travail (depuis la perte des eaux) ou 3h30 de travail (depuis la première contraction) et deux péridurales inutiles. Je ne voulais surtout pas d'un accouchement où on souffre mais finalement, je ne voudrais rien y changer, c'était parfait, c'était unique, c'était mon accouchement.

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