Naissance de souricette (on n'a jamais l'accouchement qu'on veut!)
Pour avoir lu et relu les récits d'accouchement de ce site, en espérant le jour J, il est de bon ton que j'y contribue.
Souricette est mon premier bébé et comme tous les premiers, j'avais vraiment peur de rater les signes anonciateurs de l'accouchement. Quelques visites de controle pendant le 8ème mois (vous êtes sur, tout va bien??), je la garde au chaud pour les noces d'or de mes parents, le rendez vous pris de longue date chez l'ophtalmo de monsieur...bref, j'avais toujours annoncé le 5 j'attendais de voir si mes pronostics étaient les bons.
Le 5 au matin (4h30) une première contraction, suivie régulièrement de ses copines jusqu'à 7h30...c'est gérable, c'est régulier, c'est le 5..youpi! Arrivée à l'hopital, consultation par un sage femme, monito...fausse alerte, les contractions ne sont pas encore assez régulière, pas efficace, col reste fermé...Retour à la maison, avec pour consigne de revenir avec des contractions toutes les 5 min.
Un peu dépités, on rentre avec mon homme à la maison, lui repart au travail. 30 min plus tard..comment décrire cela...disons que là le doute n'est plus permis. Je suis pliée en deux, je tremble, je gémis...ce toutes les 8 min (merci application bénie de téléphone portable). Entre deux j'appelle mes soeurs, qui rigolent et me félicitent en me disant qu'au cri oui oui elle reconnaisse que c'est le début. Je demande à chéri de rentrer, après avoir fini sa paperasse au travail. Je tente de me mettre sur mes deux pieds pour tenter d'avaler deux madeleines, du jus d'orange et deux sp**fon..je m'y reprend à trois fois pour faire le trajet, la force des contractions me faisant me jeter sur le sol à chaque fois. Moi qui était partie pour un accouchement sans péridurale et naturel...j'ai déjà changé d'avis! Mon homme rentre, m'emmene à la mater.
Arrivée aux urgences, je retrouve le sage femme du matin "tiens vous avez changé de tête!!" (crétin!!). Monito, des pointes de contractions à 80/100, je rends mon jus d'orange (d'expérience, ne consommez JAMAIS de jus d'orange avant d'accoucher, c'est très acide à rendre) plusieurs fois dans la poubelle. J'entends dans le flou la voix inquiète de mon mari "elle a encore vomi..". Là, soyons francs, j'ai mal et je me sens très faible. Au bout du monito, le sage femme m'annonce l'air ennuyé que non, ca n'a pas bougé d'un poil. Je le sais, je le sens, mais je suis un peu dépitée..Deux solutions s'offrent: un "nubin" de morphine (grosse piqure qui arrête le travail ou va accélerer l'ouverture) ou une ballade sur le parking de la mater. La contraction suivante commence à me faire travailler l'estomac...J'opte pour la piqure!
Je passe dans une salle de pré-travail, une gentille aide soignante?sage femme? (à ce stade elle pouvait être plombier ou secrétaire je l'aimais de toute façon) me fait la piqure. "Attention le produit peut vous rendre nauséuse!!" Bingo..je rends encore mon jus d'orange..Au bout de trois heures de repos mérité, je perds le bouchon muqueux (youpi, c'est que ca doit marcher) mais le produit fait de moins en moins d'effet, et je passe d'une position bête morte sur le flanc à quatre pattes entrain de trembler. A la fin, je suis ouverte à 3 bon cm...je pars vers la salle de naissance accrochée à mon mari parce que mettre un pied devant l'autre toute seule..c'est trop dur.
La sage femme me propose la péridurale, je dis oui bien sur. Je m'assois sur le lit, je sens un truc qui coule, mais je ne m'inquiètes pas (mon homme"ca doit être ta transpiration") au bout d'un long moment je le redis à la sage femme:je venais de percer la poche des eaux! L'interne d'anesthésie arrive, se prépare avec l'aide de la sage femme. Le chef anesthésiste arrive, l'interne pique une fois, raté! deux fois..encore raté! le chef pique et je sens un malaise des deux dans mon dos..j'entends "il y a du sang" "on va essayer un truc sinon c'est une rachi anesthésie"..Je fredonne jingle bells (pourquoi cette chanson..le mystère restera entier) pour me concentrer sur autre chose que "je suis seule, toute nue avec un tuyau dans le dos dont sort du sang". Ils tentent un produit qui s'il echoue me mettra en tachychardie. Ils regardent tous le monito cardiaque..moi aussi sans trop savoir quoi regarder. Tout le monde dit que ca va,je m'allonge, mon homme revient. La péridurale n'a pas été douloureuse malgré les 3 tentatives (ainsi que les 3 tentatives pour la perf et les prises de sang pour compléter le dossier) et très bien dosée (je sentais mes jambes et je pouvais les bouger contrairement à mes craintes). Avec autant de soulagement, je plane complètement, et je passe de 4 à 7 cm en 1h..J'avais dit que cette petite sortirait le 5!Mais on n'a jamais l'accouchement prévu.
Mon col présente un bourrelet (j'avais pourtant fait attention à ma ligne hihihi) qui refuse de s'ouvrir malgré tout le synto passé, ce qui fait qu'il est 22h quand ca recommence à s'ouvrir..Je me fait à l'idée que souricette sortira pour la fête de son papa (oui c'est ridicule, elle est née à la saint nicolas, comme mon homme). Le col s'ouvre à complète, il faut attendre que ca descende. Les machines bipent, indiquant que la péridurale baisse. Une fois, deux fois, trois fois ("c'est pas grave, vous inquiètez pas!")..je ne m'inquiète pas mais je commence à la sentir descendre et appuyer au niveau de mon postérieur (une région qui ne s'agrandit pas pour laisser passer le bébé). J'ai mal, je recommence à trembler...mais bébé n'est pas encore assez descendue...Après beaucoup d'attente (quand on a mal c'est bizarrement toujours plus long), la sage femme prononce les mots magiques:on s'installe. Et là, je n'ai qu'une idée:que la douleur s'arrête. Plus question de voir ma fille, de devenir maman:très égoistement je veux que ca s'arrete. J'espère pousser sur le coté, en expirant...On n'a jamais l'accouchement que l'on veux..j'accoucherais sur le dos, en apnée.
Et là je deviens...animale, un monstre, un dinosaure...bref, je n'ai plus de cerveau:je hurle, j'attrape mon mari et je le plaque contre moi à chaque contraction, j'invoque en vrac dieu, arès et athéna, les pharaons qui ont massacré leurs ennemis (même perclue de douleur, je reste prof d'histoire). Je mords même mon mari de douleur...La sage femme me propose de toucher la tete, je n'ose pas (je le regrette depuis), je pousse pendant 20 min. Et là, je sens que la sage femme et l'aide soignante parlent d'aller chercher quelqu'un..je m'inquiète, je ne veux pas d'instrument pour la sortir..peur du loup et du gendarme, elle sort à la contraction d'après!(il se trouve qu'elle ne parlaient pas de moi, mais de la dame en travail à côté..) La sage femme me propose de venir la chercher, je suis sous le choc, je ne l'entends pas. Je vois mon homme en larme, qui coupe le cordon (alors que c'est un phobique maladif des hopitaux), on me place pucinette sur le corps. Elle est rose, fraiche et un peu shootée. Peau à peau avec le papa pendant que je suis recousue (2 déchirures) et on reste ensemble jusqu'à 4h15 du matin, le temps de monter dans les suites de couches. Pucinette fera le lendemain le tour de l'hopital, car détectée dès la première visite du pédiatre avec une luxation bilatérale des hanches...elle porte un harnais pour guérir, mais vite détecté c'est vite guéri...
L'aventure de la maternité est un truc étrange, ou ce petit être qui sort de soit est différent tout en étant similaire, connu et en même temps plein de mystère...A toutes les futures mamans qui lisent mon "histoire", sachez juste qu'il n'y a pas de certitudes sur ce que vous vivrez..mais que bien entourée, on rentre dans le service de suite de couche en fauteuil roulant avec un petit être tout neuf dans les bras, et qu'on en ressort sur ses deux pieds avec son bébé, grâce à des gens formidable qui donnent des clés pour être des supers parents.


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