Mon premier accouchement, un souvenir intense et joyeux
C’est ma première grossesse, sans histoires ; je ne suis pas particulièrement heureuse d’etre enceinte, mais tellement plus heureuse à l’idée d’avoir un enfant. Après un passage difficile vers 5 mois, où j’accepte pleinement d’être enceinte, je vis une fin de grossesse très heureuse. Je me prépare activement à l’accouchement ; avec le futur père, on suit la méthode Bonapacé, centrée sur la gestion de la douleur pendant l’accouchement. Je souhaite accoucher sans péridurale, autant que possible, et plus le terme se rapproche, plus ma conviction et ma volonté se renforcent.
J’accouche dans la maternité de mon choix, favorisant les accouchements naturels, respectant l’intimité des parents, … Je lis beaucoup de récits d’accouchement, notamment sur ce site ; je prends soin de moi, fais de la gym douce, … Je suis en forme. Je profite du congé pathologique et maternité pour bien me reposer.
J’ai confiance, je me sens bien physiquement et psychiquement, je visualise un accouchement simple et heureux. Ce fut au-delà de tout ce que j’avais pu imaginer.
Mon terme est au 15 octobre, je suis persuadée qu’il arrivera le 8 ou le 9. Tellement convaincue que mon entourage aussi.
Je n’ai aucune contraction jusqu’à ce 2 octobre, où mon compagnon rentre du travail, on discute ; à partir de 19h30/20h, je sens quelque chose d’étrange et nouveau dans le ventre, je dois parfois m’arrêter de parler. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe. On dîne, je mange copieusement. Comme ca continue, je regarde sur internet des forums sur les contractions. Je me doute qu’il y a un lien avec l’accouchement, mais je n’ai pas tilté. Je suis convaincue que c’est pour le 8/9 et le dernier rdv gynéco va dans ce sens. Vers 21h, j’appelle la clinique, allongée sur le lit pour me détendre. Ils me disent que ca pourrait etre des contractions, de ne pas me presser, prendre un bain, etc. : le classique pour un premier enfant.
Je me mets à genoux et appuyée sur le ballon. Mon compagnon me masse le bas du dos. Ca fait du bien.
Vers 21h30, après que mon compagnon ait nettoyé la baignoire qui était crado, je prends ce bain, et j’y reste longtemps. Je demande un chrono, j’ai du mal à l’utiliser mais je vois bien que les contractions – car à ce moment-là, je n’ai plus de doute – sont régulières et assez rapprochées.
En y repensant, j’étais déjà à 2min30… Je souris à chaque contraction, et ca rend la tension dans le corps légère. Aussi, je pense à ce truc lu sur internet : chaque contraction me rapproche de mon bébé, le sac à contractions s’allège, donc c’est une bonne nouvelle.
Ce bain est un grand moment de plaisir et de plénitude, j’utilise la sophro faite l’après-midi avec visualisation d’un beau paysage (une plage du Cotentin), mon compagnon ne me dérange pas, je l’entends qui boucle la valise par la porte ouverte de la sdb.
Je sors du bain vers 22h45 car l’eau est froide. Je lui dis : je crois qu’il faut qu’on y aille là quand même. Je prends la première dose d’homéopathie prescrite par mon médecin. On n’aura pas le temps de prendre les autres, ce qui nous fera rire ensuite car c’était la mission de mon compagnon de me donner les doses au fur et à mesure et il n’arrive pas à lire l’ordonnance, mais tout ca c’est plus tard..
La maternité est toute proche ; dans la voiture, ca fait mal mais rien d’insupportable.
A 23h, nous sonnons à la maternité. La SF nous accueille, elle s’appelle Andrea ; une jolie Allemande, je souris à cette résonance car j’ai un nom et des origines germaniques. Elle aussi me dira plus tard avoir remarqué mon nom.
Elle m’installe pour un monitoring, elle prend son temps, genre on en a pour quelques heures, mais je sens que ca ne va pas etre ca. La sage-femme part regarder mon dossier. Quelques secondes après, je bondis, je ne peux pas rester allongée sur le dos, je sens la première poussée de sortie car là c’est clair, je sais ce que c’est : le bébé veut sortir. J’arrache le monitoring et vais aux toilettes en me disant que j’ai le temps de faire caca avant que la SF ne revienne. Mon compagnon un peu désemparé me demande s’il rappelle la SF ; elle revient donc, je suis au milieu du caca, je suis gênée, elle me tranquillise et me fait me rallonger pour m’examiner.
Et là, je me souviendrai longtemps de son grand sourire ; elle dit : vous avez bien travaillé, vous êtes complètement dilatée, votre bébé sera bientôt là ; on va en salle de naissance.
Et là, incrédulité, soulagement, joie car je sens bien dans mon corps que tout cela est vrai et qu’il sera bientôt là ; j’ai hâte. Elle m’entoure les fesses de papier pour marcher jusqu’à la salle, me propose de m’allonger sur le côté, gauche. Mon compagnon s’installe à ma tête et me tiendra main et bras tout le long de la sortie de bébé. Une aide-soignante, Delphine, nous rejoint.
Les poussées de sortie sont intenses, ca prend tout le corps, je râle et gémis, il n’y a rien à faire que d’accompagner au mieux. Au début, ma respiration est très désordonnée ; je n’avais pas préparé cette partie de l’accouchement, pensant qu’on aurait le temps de parler des positions, etc. pendant le travail. La sage-femme me guide, je pousse, les encouragements de la SF aident beaucoup, je sens le trajet de mon petit en moi. Elles me proposent de regarder avec un miroir ; je pouffe, puis je vois la tête de mon fils et là je ne pouffe plus, ca me motive complètement, je sens qu’on y est presque. J’ai le temps de réaliser ce qui se passe : il va être là ! J’hallucine, ca va tellement vite !
J’entends les encouragements de mon homme. J’appuie mon pied droit sur l’épaule de la SF assise sur le lit. Cette position n’est pas la meilleure pour moi, ils me proposent de changer mais je n’arrive pas à prendre la décision, j’hésite, on est en plein milieu du truc. Je sens qu’accroupie pourrait le faire. Je reste ainsi.
J’organise mieux mes poussées, sa tete affleure, puis je sens qu’il continue à glisser tout seul après la contraction : la tête sort toute seule, dans mon souffle ; elles s’écrient : il sort tout seul ! Le corps suit rapidement, je l’attrape, il est très « propre », je le pose sur moi, mon fils est né. Il est à peine minuit.
Andrea me dit qu’elle a fait une épisiotomie et me recoud. Ca sera la partie la plus « pénible » de l’accouchement : tout près de l’anus, ca « pique ».
Avant ou après je ne sais plus, elle me dit aussi de tousser pour expulser le placenta, puis me le montre. C’est un vrai soulagement quand le placenta sort, la « délivrance », je me sens tellement plus légère.
Après un long peau à peau et une première tétée, et un calin avec Papa, fiston prendra un bain de naissance, à côté du lit d’accouchement. Je me sens en pleine forme, je parle, je blague, je me sens si bien.
Puis la première nuit est magique. Le père est rentré dormir, épuisé ;)) par une longue journée de travail et les émotions. Vers 6h je crois, mon enfant contre moi, je réalise ce qui s’est passé, il est là, tout a changé. Je pleure de joie dans le petit matin.

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