L'accouchement dont je n'osais réver...
Après avoir passé des après-midi (et des nuits) à lire les récits d'accouchement sur ce blog à la fin de ma grossesse, à moi d'apporter ma pierre à l'édifice pour rassurer et donner du courage aux futures mamans...
Tout commence par une super grossesse (mis à part des nausées et vomissements au cours du deuxième mois) pendant laquelle je me suis sentie très entourée et épanouie, tant sur le plan moral que physique (et malgré les 20 kg pris...).
Par je ne sais quel miracle psychologique, l'accouchement n'est devenu une échéance réelle qu'au cours du dernier mois, avant je n'y avais que très peu pensé et je voyais ce moment comme quelque chose de très lointain et vague. Le projet avait cependant toujours était de prendre la péridurale le plus tard possible, voire pas du tout dans mes rêves les plus fous... tant par l'envie d'un accouchement le plus physiologique possible que par peur des effets de la péridurale sur moi ou mon bébé.
La question de la douleur s'est donc posée de façon de plus en plus accrue lors de ce dernier mois de grossesse. J'essayais de m'imaginer à quoi elle pouvait ressembler, n'ayant jamais été opérée ou subi de grave accident ou autre, je n'avais pas le souvenir d'avoir jamais éprouvé une réelle douleur physique (je n'ai pas des règles très douloureuses, à peine un petit mal au ventre le premier jour...) et c'est justement le fait de ne pas connaitre ma résistance à la douleur qui me faisait le plus peur... J'ai donc essayé de l'imaginer et de trouver des solutions pour la supporter, j'ai par exemple fais une liste des choses auxquelles je pourrai penser dans ces moments difficiles pour me soulager ou ce que je pourrai faire pour m'aider à gérer les contractions.
Mon terme était prévu pour le 21 Septembre et plus la date approchait, plus je pensais à mon accouchement, surtout la nuit ou lorsque j'étais seule. Je n'ai eu aucune contraction pendant ma grossesse, dernier RDV avec l'obstétricien 2 semaines avant le terme, le col est bien fermé, tout va bien, mais rien n'est en cours... Prochain RDV pris pour le jour du terme, j'ai alors peur de le dépasser et de devoir être déclenchée... La dernière semaine est un peu longue, je me sens lourde et fatiguée, je commencer à trouver les journées ennuyeuses, j'essaye de moins sortir pour moins conduire (même si je conduirai 2 jours avant mon accouchement). Mon conjoint est en congé le Vendredi 12, le Samedi 13, je reste seule à la maison toute la journée, je lis et passe le gros de ma journée sur le canapé. Vers 17H, je commence à ressentir des petites douleurs dans le bas du ventre. On m'a dit que les contractions prennaient tout le ventre donc je ne m'inquiète pas... Elles deviennent cependant de plus en plus fortes et nombreuses. Mon conjoint rentre à 22H, je commence à mettre en place des astuces pour les supporter : je marche de long en large dans la maison, je mets mes jambes en l'air sur la méridienne du canapé, je souffle, je contrôle ma respiration... A ce moment-là, et même si je calcule le temps entre chaque contraction (7 min en moyenne), je n'ai pas du tout conscience que je vais bientôt accoucher, je me dis que ça peut être un faux travail ou des contractions de fin de grossesse, puisque c'est la première fois que j'en ai... Je me couche de 2H à 5H mais je suis réveillée tous les 1/4 d'heure par la douleur, comme je respire très fort et pour ne pas le réveiller, je vais dans le salon où je note mes contractions et la durée. A 7H du matin le dimanche 14, je cries pour réveiller mon homme et lui dire de venir, la douleur commence à être forte et j'ai besoin de lui auprès de moi... Il prend le relais pour chronométrer... A 8H pile, je sens du liquide dégouliner entre mes cuisses, je me lève du canapé pour aller sur le carrelage pour ne pas le tacher, je cries en pleurant de joie : "je perds les eaux, elle va bientôt arriver !!!". Mon homme panique, saute dans son jean en disant : "on y va, on y va". Je lui dis : "pas de panique, ils m'ont dit qu'on avait 1H pour venir..." Je vais péniblement jusqu'à la salle de bain, et vomis en passant par les toilettes, mon homme appelle la maternité pour les prévenir de notre arrivée et leur dire que je vomis, "rien de grave, c'est la douleur" super... Je me douche, les contractions sont très douloureuses mais étrangement entre 2 je me sens bien, je souffle le chaud et le froid à mon chéri : entre 2 contractions : "vas-y douche toi mon coeur t'inquiète je gère" et pendant une contraction : "mais dépêche toi j'ai trop mal !!!!" Nous chargeons les valises et décollons à 8H30. Le trajet en voiture (30 min) est un supplice, j'ouvre la fenêtre pour prendre de l'air mais j'ai mal et je commence à crier... Toujours sur mon chéri : "Mais accélère, on ne va jamais arriver à cette vitesse !!!" ou " mais doucement, j'ai mal tu peux pas faire attention ??!!". Arrivée à 9H à la mater, on se gare en face de l'entrée sur une place handicapée, j'ai beaucoup de mal à faire les 10 mètres qui me séparent de l'accueil, je me tiens en mur en geignant, on prend un fauteuil roulant et on descend au -1 urgences maternité. J'ai du mal à me retenir de geindre ou de crier car la douleur est très forte... La SF qui me reçoit me demande si c'est un premier et dans l'affirmative, me prend un peu de haut en me disant : "vous avez le temps...". Elle revient sur ses dires après m'avoir examiné : "ah oui quand même... vous êtes à 7...". Je n'en reviens pas, je regarde le plafond en répétant avec un grand sourire : "je suis à 7, je suis à 7", j'avais tellement peur d'avoir fait tout ça et de n'étre qu'à 2 ou 3... Direction salle de naissance donc sans passer par la salle de travail... On m'installe, on me demande si je veux la péridurale, je dis non, j'essaye de ne pas trop réfléchir et de rester sur mon objectif. Les 6 salles d'accouchement sont occupées en ce dimanche matin et la SF est un peu débordée. On nous laisse seuls, avec la douleur, mon conjoint voit les contractions sur le monitoring et me dit qu'elles sont fortes, je lui dis que j'avais remarqué... Les contractions se ressemblent : je les sens arriver, la douleur augmente progressivement et dès qu'elle a atteint son pic d'intensité, elle redescend. Je peux alors souffler jusqu'à la suivante (dans mon cas et à ce moment-là moins d'une minute trente après...). Je me concentre sur ma respiration, c'est le seul moyen d'y arriver, si je pense à la douleur, elle me submerge et je perds pieds, je panique et je n'arrive plus à respirer. Mon chéri m'aide beaucoup en me tenant la main et en me parlant sans cesse. Après une heure, j'appelle la SF pour lui dire que j'ai envie de pousser. Elle me dit que mon bébé est encore très haut mais que l'on peut essayer... elle ne semble pas du tout convaincue et ça me décourage un peu. Elles se préparent, je commence à pousser comme elles me le disent (comme pour faire caca, ça doit vraiment être en bas...), je crie très fort, elles me disent que je fais peur aux autre femmes en train d'accoucher, je leur dis qu'elles sont sous péridurale et que ça n'a rien à voir... Elles m'expliquent que ce que je fais ne sert à rien et que le bébé ne descend pas car quand je crie la poussée reste bloquée en haut au lieu d'être vers le bas. ça me démotive, je souffre comme ça pour rien ???? Elle me demande de pousser 3 fois par contraction au moment où elle est à son pic, c'est à dire quand c'est le plus douloureux et de pousser vers le bas en essayant de ne pas bloquer au niveau du cri dans la gorge. Je comprends que si je ne le fais pas, ça risque de durer longtemps et que je ne tiendrai pas, je me sens déjà au bout de mes forces et de ma résistance. Je me donne du courage et me dis que je dois tout donner sur les prochaines poussées. C'est ce que je fais, après 3 fois 3 poussée sur 3 contractions, elle me dit qu'elle voit la tête, je lui dis que ce n'est pas vrai, qu'elle dit ça pour m'encourager et pour que je reste motivée... elle me dit "sisi je vous assure" et mon conjoint me dit qu'il la voit aussi... Encore une poussée et elle me dit : "ne poussez plus !", la tête est sortie et c'est une délivrance, elle la manipule quelques secondes pour faire tourner les épaules et faire sortir le corps. J'attrape ma fille et la mets sur mon torse. Moment magique, difficile d'y mettre des mots... Elle cherche le sein comme un petit animal, ne crie pas vraiment mais geind pour montrer qu'elle respire bien, elle ouvre ses yeux tant bien que mal malgré le vernix pour nous regarder... Elle est magnifique.
Après 30 minutes de peau à peau, elle va avec son papa, je dois être endormie 5 petites minutes car il reste peut-être un peu de placenta et on ne peut pas prendre le risque de le laisser... La SF profite de cette anesthie générale pour me recoudre, j'ai eu une petite déchirure que je n'avais même pas sentie... Je me réveille et me mets à pleurer car je réalise que tout s'est bien passé et que ma fille est là, avec nous.... Elle est née à 11H31, 3kg695, 51 cm.
Je suis très fière d'avoir réussi à accoucher sans péridurale et ce malgré la douleur. J'ai vécu et ressenti mon accouchement. A peine montée dans ma chambre, je me sentais bien, malgré la douleur due aux points. Je me suis levée et douchée le soir même, ma famille venue me voir m'a trouvé en forme pour quelqu'un qui vient d'accoucher...
C'est donc tout à fait faisable d'accoucher sans péri, si le projet est réfléchi et si on s'approprie sa préparation et son accouchement. Je ne retiens que du positif de ce moment qui restera gravé en moi à jamais.
Courage à toutes les futures mamans, ayez confiance en vous, en votre bébé, en votre corps et en la nature...
Pour E., ma vie...


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