Mon accouchement tout doux au calm

Ça y'est. Il est né. Le 18 octobre 2011 à 3h37, je serrais dans mes bras tout nu tout chaud mon petit Zéphyr. Il est sorti sans crier dans le calme et je l'ai eu un long moment contre moi. Les 5 heures de contractions, de douleurs se sont presque effacées comme par magie à ce moment la. Et l'évidence était la, après des jours (des mois!) de doutes, de peur, allais-je réussir à aimer ce deuxième? Oui, il n'y a plus aucune question, plus de doutes ce bébé je l'aime, d'un amour fort et intense. Du même amour que Sacha bien que ce ne soit pas la même chose. Une maman peut donc aimer plusieurs enfants. C'est possible et c'est tellement beau.
J'ai été très fière de mon accouchement. Ça peut paraître pédant ou même un peu vantard mais il m'a fallu neuf mois pour me préparer à la douleur, à cette nouvelle vie qui grandissait en moi et qu'il allait falloir apprivoiser, rencontrer, connaître. Et ce chemin je l'ai fait avec moi même pour commencer. Avec mon mari, nous avons fait des choix ensemble sur comment nous voulions mettre au monde cet enfant, puis avec la sage femme, Jacqueline qui a été merveilleuse avec nous trois pour ce moment terrible et magique à la fois.
Cet accouchement je l'avais préparé et muri.
Je voulais un vrai suivi, quelqu'un qui me connaisse et me reconnaisse, qui sache qui je suis quand j'arrive pour mes rendez vous, qui soit disponibles pour répondre à mes question, mes doutes, mes peurs et qui puisse me raisonner dans les moments difficiles.
J'ai cherché une sage femme libérale finalement nous avons atterri au CALM, maison de naissance rattachée aux bluets, nous avons rencontré Jacqueline et notre projet était lancé.
J'ai eu un vrai suivi de grossesse et la chance d'une grossesse calme et sans soucis. Nous voulions la surprise du sexe du bébé. Nous avons tenu les neuf mois à se demander si c'était une fille ou un garçon, à imaginer, projeter. Nous avons rapidement choisi des prénoms, que nous avons gardé secret bien sûr. Nous l'avons donc appelé "bébé" durant tout ce temps.
Le dernier mois de la grossesse à été le plus dur. Il y avait les contractions tous les jours qui me faisaient penser que ça allait arriver. Il y avait l'attente. L'envie de voir ce bébé, de le rencontrer enfin. L'impatience.... Et la peur. Devoir s'affronter soi même dans une épreuve de douleur : l'accouchement. Mais cette douleur me paraissait nécessaire pour mettre au monde mon bébé. Un dépassement de soi pour voir la plus belle chose arriver, la vie. Je voulais le moins de médicalisation possible. Je voulais etre libre de mes mouvements, me lever m'asseoir, m'accroupir, sauter bref être libre. Je voulais aussi sentir les sensations de ce bébé qui se créé, un passage vers la sortie. Je voulais pouvoir me mettre dans la position que je voulais. Je voulais ce retour aux sources. Je l'ai trouvé et j'en suis ravie.
Le dernier mois, j'étais grosse (moins que pour ma première grossesse!) je ne pouvais plus bouger, ni dormir c'était dur moralement car je me sentais prête à l accueillir mais ce n était pas le moment! Il lui fallait encore grandir dans mon ventre se préparer à cette vie extérieure.
Je me suis sentie prête quand nous avons préparé son petit nid dans notre chambre. Mais il a fallu attendre quelques semaines avant qu'il n'arrive.
Mais le 16 octobre, les contractions que j avais pu ressentir tous les jours depuis quelques temps se sont modifiées. C'était le soir et j'ai commencé à les minuter en lisant mon livre. Elles étaient régulières, rapprochées un peu douloureuses mais pas de quoi appeler la sage femme. J'ai attendu, j'ai finalement dormi en rêvant que j'avais mal... Une nuit à dormir en pensant à la douleur, c'est pas reposant. Le lendemain, j'avais rendez vous avec Jacqueline je lui parle de mes contractions elle m'examine mais mon col est certe un peu ouvert, mi-long, le bébé est descendu ce qui veut dire que je peux très bien accoucher demain comme le 3 novembre (même si j'ai calculé mon terme pour le 23 octobre!)
On va manger avec maman, les contractions sont de plus en plus dérangeantes. Arrivée à la maison, je me pose avant d'aller chercher Sacha, ça empire. Je récupère Sacha à l'école et je n'arrive plus à me poser. Je conseille à mon mari de rentrer tôt car je n'arrive pas à jouer avec Sacha et je sens quand même des trucs bizarre. Il rentre tôt, je parviens à endormir Sacha et on attend. On minute.
La douleur est là, je pense que ça y est j'appelle la sage femme en plein repas on se donne rendez vous chez elle pour ensuite aller à la maison de naissance. Il est 21h30, on part. Je vais faire un dernier bisous à Sacha. Je sais que la prochaine fois que je le verrais il ne sera plus mon bébé mais mon grand, mon aîné et je l'aime si fort que j'en suis toute émue. Il est endormi. On part, contractions toutes le 6 minutes. On arrive chez Jacqueline et on part à la maison de naissance.
Tout semble irréel, de nuit la maison de naissance n'a pas la même ambiance. On s'installe dans la chambre je ne rêve que d'une chose, un bain. Jacqueline me fait un monito pour contrôler les contractions et le cœur du bébé. Tout va bien je me plonge dans un bain. Ça fait du bien même si la douleur s'intensifie. J'écouté yaël naim comme j avais prévu et les doutes m'assaillent. J'ai mal la douleur va en augmentant comment vais je réussir à maîtriser tout ça.
Je pleure un peu, j'ai vraiment peur. Mais je ne suis pas seule. Dorian est la, il m'accompagne dans la douleur, il me rassure. Jacqueline aussi. Elle m'examine de temps en temps, tout va bien le bébé va bien aussi. Je sors du bain, me met sur un fauteuil à califourchon assez agréable dans les contractions puis je retourne dans l'eau. Jacqueline m'examine pendant une contraction il est temps de monter. Je suis suspendue au cou de Dorian dans l'ascenseur, j'ai mal vraiment. J'ai hâte que ça se finisse. Je sais qu'il y a une phase terrible appelée désespérance qui est plus que douloureuse je l'attends et la craint. Après c'est l'expulsion, la libération. Mais le travail stagne un peu, les eaux ne sont toujours pas rompues. Jacqueline veut que je sorte de l'eau, je ne veux pas, je veux accoucher dans l'eau. Finalement, je sors les contractions ne sont plus assez efficaces mais heureusement le bébé va bien. Il faut commencer à pousser l'accompagner vers le bas. Je pousse mais je ne le sens pas descendre. Je veux qu'il descende, j'ai très mal les contractions sont un enfer.
En fait, il fait le yoyo on ne le saura qu'après, son cordon est court et après être descendu il remonte. Jacqueline tente de percer la poche des eaux qui est certainement fissurée mais rien de probant. Elle explosera quand il descendra en fait. Une sensation très étrange que de la sentir se rompre au moment où le bébé descend enfin. Jacqueline est aspergée mais ca la fait rire et elle continue.
Finalement, il descend enfin et la c'est la fin. Je ne savais pas pourquoi dans ma tête ce serait moins douloureux mais c'est le pire de la douleur. Cette douleur, seuls celles qui l'ont vécu peuvent la comprendre. C'est un écartèlement.
Dorian est derrière moi sur la table, il m'aide, me soutient. Je stresse, je sens le bébé entre mes jambes je veux le faire sortir c'est intenable mais il ne sort pas aussi vite que je le voudrais. Jacqueline me fait toucher sa tête, je sens un tout petit bout de sa tête. Il est là il est proche. Je lui parle, je l'encourage à sortir, je hurle aussi je me cambre sur la table, je perds pieds mais Jacqueline et Dorian me ramènent doucement.
Il se passe des milliers de choses dans ma tête mais ma pensée la plus importante est quand le bébé sera bientôt là. Il faut pousser il n'y a même pas besoin de savoir comment c'est juste naturel il faut le faire sortir. La fin est un peu confuse dans ma tête il me semble que jacqueline me demande de me redresser et que je prends dans mes bras mon bébé et que je "finis" de le faire sortir. Elle le pose avec moi sur mon ventre tout en s'étonnant que le cordon soit si court. Il est posé très bas, nous ne savons toujours pas si c'est un garçon ou une fille mais nous profitons de sa présence avec nous. Il ne crie pas, tout se passe en douceur pour lui. Dorian coupe le cordon et j'expulse assez rapidement le placenta. Puis on se demande quand même qui est notre bébé. J'ai senti un garçon quand je l'ai pris dans mes bras et effectivement c'est un garçon. On regarde Jacqueline et lui annonçons fièrement le prénom de notre fils : Zéphyr. Il est là contre moi, il peut se passer n'importe quoi je m'en moque. Je me sens sa mère, je sens mon amour pour lui, mes doutes sont partis. C'était juste l'évidence.
Malgré tout je perds du sang il faut me recoudre un peu car mon épisio de Sacha s'est redéchirée. Mais dans l'ensemble tout va bien alors je laisse Jacqueline gérer tout ça, et je profite de mon bébé. Il est beau, il est calme sur moi tout se passe pour le mieux. Il fait sa première tétée. Quel sentiment étrange de retrouver au sein un si petit.
Il sait bien téter (même si aujourd'hui j'ai mal...) Jacqueline le prend ensuite pour les "premiers" soins. Il reste calme. Elle le pèse : 3,850kg. Un beau bébé!!!! Il fait 51 cm. Il est juste parfait. Au bout de deux heures nous redescendons dans la maison de naissance. Nous observons ce petit etre si beau et si fragile, toujours tout nu contre moi. Nous dormons un peu. Jacqueline annule ses rendez vous de la journée car la nuit a été éprouvante. Elle ne garde que son premier rendez vous ce qui nous permet de nous reposer. On dort un peu, on regarde Zéphyr.
Vers 12h on se prépare et on rentre retrouver Sacha qui a passé une nuit entrecoupée avec des histoires de mamé pour se rendormir mais l'inquiétude l'a tenu éveillé pendant 4 longues heures... Il aura gagné une journée sans école et un petit frère!
Nous rentrons à la maison et commençons notre vie à 4!!!! Beaucoup de bonheur....

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